

Doté de qualités de souplesses étonnantes, le Lunévillois Jean-Michel Moutier a gardé les buts de l’ASNL pendant huit saisons. Irréprochable au Parc des Princes lors de la finale de la coupe de France, il a également été le partenaire de Michel Platini lors des fameuses séances d’entraînement aux coups-francs.
Les premiers matchs n’avaient pas été très bons et l’entraîneur a décidé de changer de gardien. J’ai donc remplacé Patrick Bernhard. Dans ce genre de situation, il faut saisir sa chance. Tout le monde nous regarde, analyse nos points forts et faibles et vérifie que l’on ne commet pas de grosses fautes. Nous avons gagné plusieurs matchs, je suis resté dans les buts et nous avons bien terminé la saison en finissant septièmes. À vingt ans, j’étais alors probablement le plus jeune gardien de D1.
C’était une bande de copains du même âge. Il y avait la Rouille, Michel, Paco Rubio,… Philippe Jeannol nous a rejoints ensuite. On ne calculait pas. On avait l’insouciance de la jeunesse et une seule envie : jouer !
Il s’agissait en fait de paris que l’on se lançait après l’entraînement. On était célibataires et on ne pensait qu’au foot. Il nous arrivait de rester trois quarts d’heure sur le terrain après la séance. Un jour, en nous regardant depuis son bureau, Claude Cuny a eu l’idée de créer les fameux mannequins. Au départ, c’était des silhouettes en mousse dans des socles en bétons. Ils pesaient au moins 50 kilos. Paco Rubio ou Philippe Jeannol restaient parfois avec nous. La Rouille aussi, mais il tapait toujours dans les mannequins (rires).
Michel arrivait à cacher sa frappe jusqu’au dernier moment. Si vous anticipiez, il pouvait changer la trajectoire du ballon au dernier moment. Mais, je pense que c’est quand même lui qui a payé le plus de diabolos. Lui vous dira certainement le contraire (rires).
La jeunesse, l’enthousiasme, l’envie de réaliser des choses ensemble. On était heureux de se retrouver. Sur le terrain, c’était d’abord le jeu. Nos adversaires nous disaient qu’ils savaient qu’en venant à Nancy, ils allaient prendre une valise. Comme on ne calculait pas, on en prenait aussi de temps en temps. C’était notre style. Antoine Redin savait tirer le maximum des qualités de ses joueurs. Il était dur, mais aussi sensible et très juste. C’est lui qui nous a appris le métier.
Je ne m’en souviens pas. C’est bien, car cela veut dire que j’étais au rendez-vous. Je me rappelle surtout de notre victoire et de la fête qui a suivi. À l’époque, cette première coupe de France gagnée par Nancy, c’était quelque chose. Surtout avec une équipe de copains !
Il ne faut pas vivre avec ses regrets. Mais, c’est vrai que cela été un lourd handicap. Michel faisait peur à tous les adversaires. Avec lui, nous aurions certainement éliminé le Servette de Genève.
C’était assez difficile. Il y avait beaucoup de pression sur les joueurs qui enfilaient le maillot floqué du numéro dix, car ils étaient systématiquement comparés à Michel. Le club a également été obligé de modifier son style de jeu. Saint-Etienne, la Juventus et l’équipe de France ont été confrontés au même problème après son départ. Cela n’était pas seulement un grand joueur, c’était aussi un leader.
Nous avons été déçus de ne pas obtenir notre qualification, car on avait vraiment envie de repartir en coupe d’Europe, après la frustration de notre courte épopée européenne de 1978. C’était l’époque d’Hervé Collot. Comme il était auparavant chargé de détecter les jeunes joueurs, c’est lui qui nous avait fait venir à Nancy et il nous connaissait donc tous très bien. On avait beaucoup de respect pour lui.
Une rupture du tendon rotulien m’a en effet éloigné des terrains pendants de longs mois. C’est Bruno Martini qui m’a remplacé dans le but de l’ASNL et a ainsi débuté sa carrière. Pour ma part, comme j’arrivais en fin de contrat, c’était une période difficile où je me suis posé beaucoup de questions. Heureusement, j’ai eu la chance de pouvoir rebondir au PSG.