Paul Fischer: 20 ans d'ASNL

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Interviews · 03/12/2007 à 15:54
03/12/2007 • 15:54

Nancéien depuis 1985, Paul Fischer a vécu plus de la moitié de sa vie à l’AS Nancy-Lorraine. Il s’explique ici sur cette fidélité si rare dans le monde du football.

Être le joueur le plus fidèle de toute l’histoire du club. Cela signifie quelque chose pour vous ?

Oui et non, car tous les joueurs n’ont pas la possibilité de rester dans leur club après leur carrière de footballeur. C’est aussi un choix et le résultat d’opportunités. Je me sentais bien ici et j’ai eu la chance d’intégrer le staff puis que l’équipe marche, car on aurait très bien pu se faire virer au bout de deux ans. Cela a été un enchaînement logique.

 

Vous n’avez jamais eu l’occasion d’aller voir ailleurs si l’herbe était plus verte ?

Alain Perrin voulait m’engager à Troyes en 1999. J’ai pesé le pour et le contre. Mais, ma priorité n’était pas l’argent. C’était ma famille. Je me sentais déjà très bien à Nancy et j’avoue que je serais embêté le jour où il faudra quitter cette ville. J’avais aussi beaucoup d’exemples de joueurs qui étaient partis et le regrettaient fortement. Finalement, à Nancy, ce n’était pas plus mal qu’ailleurs, voire même mieux.

 

Paul Fischer au début des années 90Est-ce aussi parfois un inconvénient de faire presque partie des meubles ?

Ce n’est pas la meilleure option pour gagner de l’argent quand on est joueur. Par contre, c’est un avantage sur le plan humain, car on connaît mieux les gens. Je suis aussi resté à l’ASNL parce que le président Jacques Rousselot aime bien ce profil, cet attachement à des valeurs. Cela a presque disparu dans le football et c’est bien de garder cette mentalité à Nancy. Mais, quand on reste dans le même club, il faut aussi avoir la force de se remettre en cause chaque saison. C’est plus dur que pour un joueur qui vient d’arriver et doit se montrer. Ma fidélité peut aussi passer pour un manque d’ambition : une petite vie pépère avec ses repères. C’est peut-être vrai, car j’ai besoin de ses repères pour me sentir bien.

 

Vous avez vécu trois montées en D1. Laquelle vous laisse le meilleur souvenir ?

Celle de 1995/1996 car on est monté après une victoire à Angers lors de la dernière journée. Il y avait beaucoup de tension, car on jouait toute notre saison sur ce match. On n’avait jamais été très loin du podium tout au long du championnat, mais on avait surtout accéléré dans le sprint final. On était en lutte avec Laval. Cette victoire a été une immense délivrance, une joie immense, un truc de fou. À notre retour à Nancy, il y avait plein de monde à l’aéroport et nous sommes allés directement place Stanislas. Certes, il n’y avait pas le même engouement qu’après notre victoire en coupe de la Ligue, mais on avait quand même fait bouger un peu la ville.

 

Vous avez aussi vécu trois relégations…

Elles sont toutes pires les unes que les autres. Dans ma période de joueur, nous avons toujours été dans la lutte en première division. On n’a jamais vécu une saison tranquille. Les matchs restent donc de bons souvenirs, mais pas forcément les saisons, car nous étions toujours en difficulté.

 

Est-ce que vous essayez aujourd’hui d’inculquer cette valeur de fidélité à vos joueurs ?

C’est la fondation de ce que l’on veut mettre en place. Mais, c’est difficile de demander à des joueurs qui viennent des quatre coins de la France d’être amoureux de Nancy dès le premier jour. Il faut du temps. Des garçons comme Gavanon, Puygrenier ou Berenguer sont là depuis le début de l’aventure et ils aiment désormais vraiment la ville et le club. C’est une satisfaction pour nous. En même temps, nous savons aussi que nous ne pourrons pas les garder s’ils reçoivent une proposition d’un club plus ambitieux qui leur offre un bien meilleur salaire. C’est tout à fait normal. Par contre, cela nous dérangerait qu’ils partent dans un club sportivement moins bien.

 

Est-ce qu’il existe une identité ASNL ?

J’aimerai que l’on dise de Nancy que c’est un club où l’on aime bien vivre. C’est d’ailleurs ce que l’on entend dire un peu partout, que le vestiaire est sain et que l’ambiance est bonne. Cela me fait plaisir d’entendre cela.

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