Les coups-francs de Michel Platini

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Articles · 22/12/2022 à 09:00
22/12/2022 • 09:00

Dans son numéro 93 daté du 17 septembre 1976, le magazine Chardon Rouge consacrait un article aux coups-francs de Michel Platini. Extraits.

« Gare à Platini et ses coups-francs en feuille morte… » tel est le leitmotiv chez les adversaires de l’équipe de Nancy et même de l’équipe de France car la réputation du jeune Nancéien a déjà franchi allègrement les frontières.

Les Rémois étaient avertis l’autre soir qui se précipitèrent pour dresser un barrage devant Aubour mais en vain. Les Danois aussi étaient prévenus qui ne purent pourtant pas empêcher le diabolique Platini de placer le ballon là où il le voulait c’est-à-dire hors de portée du gardien.
Michel Platini dans le chardon rouge
Ce sont les exemples les plus récents, mais les coups de pied arrêtés victorieux de Platini émaillent sa carrière depuis que ce rôle habituellement réservé à des chevronnés lui est dévolu. Il est rare en effet qu’un aussi jeune joueur ait déjà une telle réputation. En fait le cas Platini est unique, en France au moins…

Quand le coup-franc est situé à 20 mètres, face à la cage, légèrement à gauche de préférence, le pourcentage de réussite du jeune Nancéien est de 50% ce qui est considérable. Le mur est un obstacle que la balle brossée contourne, ce qui parait simple, et le gardien placé à l’extrémité de ce mur est impuissant à capter ce ballon et ne peut en général que suivre des yeux la fin de la trajectoire, à l’autre coin de sa cage. Le tir n’est jamais très fort dans ce type de coup-franc dit en feuille morte, mais il l’est assez pour rendre toute parade impossible.
Michel Platini
On a vu cependant à Copenhague, que Platini sait varier sa manière et qu’il est capable d’exploiter instantanément la moindre faute du gardien. Si celui-ci comme le Danois, laisse un trois à sa gauche, c’est dans ce coin que Michel loge le cuir. Et aucun gardien jusqu’ici à commencer par Curkovic que Platini battit déjà trois fois de la sorte ne peut prétendre s’opposer à cet extraordinaire tireur.

 

Jean-Michel Moutier

« Imparables les coups-francs de Michel ? Ce n’est pas le mot, un gardien qui part avant peut peut-être arriver à temps sur le ballon s’il n’est pas tout à fait dans la lunette. Mais il est difficile de s’élancer avant parce qu’on ne sait jamais où il va placer sa balle. C’est que le bougre est capable de la mettre des deux côtés. Si vous préparez un appui pour partir à droite et s’il s’en aperçoit il vous prend à contre-pied à tous les coups. »

Michel Platini dans le chardon rouge

Michel Platini

« Expliquer comment je procède, c’est un peu comme si je racontais comment je marche. Je tire par réflexe, je brosse la balle ou je tire en force suivant la position du gardien. Bien sûr j’ai travaillé mes coups-francs, avec mon père qui m’a donné des conseils et avec les mannequins qu’a fait fabriquer monsieur Cuny. Certes, j’ai quelques petits trucs que je préfère taire pour réussir encore quelques coups au but mais l’essentiel c’est l’entraînement. Cent fois sur le métier… vous savez, il n’y a que cela de vrai. Cela ne vient pas tout seul. Il faut y croire aussi. »

 

Roger Piantoni

« C’est extraordinaire ce que fait Michel ! Sa frappe est si bonne que même si le gardien est attentif, il n’y a aucune parade possible. Les gardiens ne peuvent espérer qu’un raté de Michel, c’est tout. Je me demande en fin de compte si la solution ne serait pas d’éliminer le mur, cela permettrait au goal de se placer au milieu. Il pourrait à la rigueur avoir un coéquipier dans chaque coin, mais même comme cela avec un pareil tireur… »

Michel Platini

Aldo Platini

« Je me souviens que lorsqu’il était gamin nous faisons des concours de tirs. Je le faisais travailler quand il était poussin et jouait déjà avec les pupilles. Je lui faisais tirer les corners directs à cette époque. Avec les petits goals c’était intéressant à tenter et relativement facile à réussir pour un gosse doué comme lui. Mais il ne faut pas lui parler de don, il n’aime pas. Il a raison remarquez parce qu’il a vraiment beaucoup travaillé et il continue. C’est cela qui est formidable chez lui, il ne se lasse pas du football. Il en a tiré des coups-francs avec ou sans mannequins. C’est comme cela qu’il a acquis son étonnante brosse de l’intérieur du pied. »

 

Le comité de rédaction du Chardon rouge était composé de Germain Lepeyre (rédacteur en chef), Claude Cuny, Michel Vilmin, Michel Ledogar et Paul Pelot.
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