Une formation au sifflet

Réunis dans une salle de classe de l’école technique privée de l’AS Nancy-Lorraine, une dizaine de joueurs de l’équipe U17 sortent leur carnet mais aussi leurs cartons jaune et rouge. Ce mardi matin, on ne parle pas d’algèbre, de prétérit ou de l’empire romain mais de hors-jeu et de pénalty. Depuis cette saison, les centres de formation sont en effet dans l’obligation d’inscrire leurs joueurs de moins de 16 ans à une formation initiale à l’arbitrage.

Thibaut Hirzberger, en service civique pour le district de Meurthe-et-Moselle, et Tom Wojcik, tous les deux arbitres, sont chargés d’animer les trois journées de cette formation. « Vu que ses jeunes ambitionnent d’abord de devenir footballeur professionnel, on adapte la formation vers davantage de sensibilisation, explique Tom. On sait que très peu d’entre-eux deviendront arbitre plus tard. » Un rapide tour de table le confirme. Ce n’est évidemment pas leur objectif aujourd’hui.

Tom Wojcik commence par vérifier que ses « élèves » ont révisé les lois du jeu imprimés sur le petit guide distribué la veille. Quels sont les motifs de coup-franc direct ? Les réponses se font d’abord hésitantes puis s’enchainent assez rapidement. Après quelques minutes de révision, Thibaut Hirzberger allume l’écran et projette des actions de jeu. « On utilise beaucoup de vidéos pour les aider à comprendre », explique-t-il. Il faut alors choisir de sortir un carton ou pas, jaune ou rouge, et expliquer son choix. Un enseignement très ludique qui permet de rappeler quelques règles importantes. « Ce n’est pas parce qu’un joueur touche le ballon en premier qu’il n’y a pas faute, explique par exemple Tom. Si l’intégrité physique d’un joueur est en danger, il faut siffler. »

La méconnaissance des lois du jeu peut devenir une source de conflit sur le terrain. Cette formation peut ainsi aider à apaiser les relations entre l’arbitre et les joueurs. « Cela permet de mieux comprendre le point de vue de l’arbitre, acquiese Idrissa Sabaly. Quand on connait les critères d’attribution d’un penalty ou d’un avertissement, on comprend mieux et on est donc moins énervé. » Les jeunes se rendent aussi compte de la difficulté de prendre une décision en quelques petites secondes. L’un d’eux demande d’ailleurs à revoir les images d’une main dans la surface. La VAR n’existe pourtant pas dans les championnats amateurs.

L’après-midi, l’apprentissage se poursuit sur le terrain avec des exercices pratiques mêlant un peu de ballon et beaucoup de sifflet. Thibaut et Tom leur ont d’ailleurs appris à bien utiliser le sifflet et à faire les bons gestes après chaque décision. Lundi après-midi, sous un soleil de plomb, les joueurs devaient courir aux quatre coins du terrain synthétique pour répondre à des questions. Une erreur envoyait le fautif sur un atelier physique supplémentaire. Visiblement, il faudra encore réviser un peu pour être prêt pour l’examen final prévu jeudi après-midi.