La biographie de Tony Vairelles

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Articles · 27/06/2022 à 14:11
27/06/2022 • 14:11

Avec la collaboration du journaliste Romain Jacquot, l’ancien joueur de l’ASNL Tony Vairelles raconte sa vie dans « Balles au centre ».

« Je m’appelle Tony Vairelles et je suis un gamin de l’AS Nancy-Lorraine qui a eu la chance de concrétiser son rêve de devenir footballeur professionnel, et même plus : champion de France avec le RC Lens et plus gros salaire français de Ligue 1, à mon époque lyonnaise. »

Publiée en quatrième couverture de sa biographie, cette phrase résume le parcours sportif du grand blond de Tomblaine. Tony Vairelles parle donc beaucoup de l’ASNL mais aborde aussi sa vie intime et notamment la sombre affaire de fusillade sur le parking d’une discothèque qui gâche sa vie depuis plus de dix ans. Ecrit avec Romain Jacquot, journaliste sportif à l’Est Républicain, le livre « Balles au centre » est paru aux éditions Hugo Sport (18,95€).

Tony Vairelles

Trois questions à Romain Jacquot

Tu n'étais pas encore journaliste à l’Est Républicain quand Tony Vairelles enflammait le stade Marcel-Picot. Comment l’as-tu connu ?

Mon père était un grand supporter de l’ASNL et de Tony en particulier. Comme c’était un joueur toujours très avenant avec les supporters, il avait sympathisé avec lui. J’étais alors adolescent et trouvais génial d’avoir accès à un footballeur professionnel aussi abordable. Plus tard, je suis devenu journaliste et, de fil en aiguille, on a sympathisé.

 

Comment est né ce livre ?

Je lui avais proposé il y a très longtemps, avant l’affaire de la fusillade, car je pensais que ce footballeur atypique méritait un bouquin. Il ne voulait pas. Je lui en ai reparlé juste après l’affaire, mais il ne le sentait toujours pas. On est toujours resté en contact et c’est lui qui m’en a reparlé un jour. Il voulait qu’on essaie pour voir ce que cela pourrait donner. Dès que nous avons commencé les entretiens pour écrire le livre, on s’est rendu compte que cela matchait bien. Cela s’est alors fait naturellement. Je lui faisais relire les parties au fur et à mesure et il me disait tout le temps qu’il avait l’impression que j’étais dans sa tête. C’est le plus beau compliment qu’il pouvait me faire. Je pense que c’est parce que je l’ai suivi depuis que je suis tout petit et que j’ai l’impression de le connaitre vraiment.

 

L’affaire de la fusillade sur le parking de la discothèque « Les 4 As » à Essey-lès-Nancy est très présente dans le livre. C’était important pour lui d’en parler ?

Cette affaire dure depuis plus de dix ans et n’est toujours pas réglée. Il n’avait jamais voulu en parler afin de respecter le temps de la justice. Les années ont passées et il a pris pas mal de claques dans la tête. À un moment, après plusieurs années à se taire, je pense qu’il a voulu raconter sa vérité. Tout ce qu’il a accumulé pendant ces dernières années avait besoin de sortir dans ce bouquin.

 

Tony Vairelles lors d'un match avec les anciens de l'ASNL en 2022

Extrait de « Balles au centre » de Tony Vairelles

Pour illustrer ses propos, Romain Jacquot a choisi un extrait de son livre, où Tony Vairelles revient sur son premier match en professionnel face au PSG. « Ça montre le joueur qu’il était, explique l'auteur. C’était un mec qui donnait vraiment le maximum sur le terrain. Qu’il réussisse un grand match ou pas, on ne pouvait jamais rien lui reprocher. »

« Cette machine à remonter le temps tourne à une cadence infernale dans ma tête, durant mes très longs moments de solitude en prison. Elle me fait aussi revenir en division d’honneur (DH), au sein de la troisième équipe de l’AS Nancy-Lorraine entraînée, à l’époque, par Martial Genoudet (…) Grâce à lui, j’apprends énormément lors de cette saison en DH, face à des joueurs trentenaires le plus souvent. Moi, je suis encore un adolescent…

J’apprends notamment à encaisser les coups sur le terrain, sans répondre, en restant concentré sur mon jeu. Il me faut une bonne leçon pour comprendre que ça ne sert à rien de se chauffer avec les adversaires. Et cette bonne leçon, je la reçois justement à l’occasion d’un match de division d’honneur, contre une équipe très expérimentée. Je marque le premier but de la tête au bout de trois minutes et après ça, les adversaires me branchent à chaque arrêt de jeu. Ils m’insultent, ils essaient de m’intimider… Et moi, comme un abruti, je tombe dans le panneau : je leur parle aussi et je finis par sortir de mon match. Je suis encore tellement énervé, après la rencontre, que je cherche le joueur qui m’a pris au marquage. J’ai bêtement envie de l’attraper jusqu’à ce que le défenseur en question vienne poser gentiment la main sur mon épaule pour me dire : « Calme-toi, petit, on était obligés de te taquiner un peu, tu nous faisais trop courir, on n’avait pas envie que tu nous mettes la misère… » Je saisis, à ce moment-là, que le mec est sympa et qu’il a juste cherché, sur le terrain, à faire ce qu’il y avait de mieux pour son équipe.

C’est justement quelque chose qui m’aider à réussir mon premier match professionnel contre le Paris Saint-Germain au stade Marcel-Picot, quelques mois plus tard, le 25 janvier 1992. Premier ballon : je vais au duel de la tête avec le défenseur Antoine Kombouaré, j’y vais avec toute mon envie mais sans faire de faute. Et là, Kombouaré me dit : « Tu refais un truc comme ça, le jeune, je te casse les deux jambes ! » Le risque était de répondre ou d’avoir peur mais, au lieu de ça, je fais un petit sourire à Kombouaré, je me replace et je réussis une belle prestation derrière ! Je vais d’ailleurs découvrir, un peu plus tard, qu’Antoine Kombouaré est un chic type, comme le joueur de division d’honneur avec lequel j’ai failli m’embrouiller inutilement quelques mois plus tôt. Comme quoi, c’est très important d’apprendre de ses erreurs…

Pour l’anecdote, ce premier match face au PSG qui a tout changé pour moi, j’aurais pu le rater à cause d’une paire de chaussures ! On est en plein hiver, le terrain de Marcel-Picot est complétement gelé et moi, avec mon petit contrat de stagiaire première année de l’époque, je n’ai pas acheté de stabilisées, ces chaussures indispensables pour tenir sur cette surface très glissante… Heureusement, un joueur, Sébastien Hoover, me prête ses chaussures avec le cramponnage adéquat. Je lui dois une partie de ma réussite ce soir-là ! Si j’avais joué avec mes crampons moulés ou en alu et que j’avais glissé, si je m’étais déchiré sur mon premier ballon, je ne sais pas comment les choses auraient tourné pour moi derrière… Un grand merci à Sébastien, donc ! Son coup de… main m’a enlevé une belle épine du… pied, si je peux dire ! »
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