L’autre voie de Duchemin

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Articles · 25/03/2019 à 10:39
25/03/2019 • 10:39

La carrière de Manu Duchemin s’est arrêtée brusquement, un jour d’août 2007. Le vainqueur de la Coupe de la Ligue 2006 s’est sérieusement blessé au talon durant une séance d’entraînement. Perdu pour le football, il a changé de voie et est devenu conducteur de train à Amiens.

Le football n’est plus sa passion. Il lui a tourné le dos. Emmanuel Duchemin, la quarantaine bien mûre, regarde dorénavant la vie avec d’autres yeux. « Les joueurs voient le football de l’intérieur et il faut bien admettre que pour eux c’est le temps des joies faciles, apprécie Manu. Aujourd’hui, sans rien regretter de ce que j’ai connu et sans cracher dans la soupe, je me dis que le foot a changé et je le considère avec distance. Mais j’aime tout de même voir jouer Mbappe. »

Manu Duchemin a connu délices et amertumes sur les terrains. Il a gagné et il a perdu. Parlons d’abord de ce qui lui a fait mal. Très mal. Un jour d’entraînement, il s’est donné une grave blessure au pied. Luxation du talon. Un mal rarissime. Les médecins l’ont traité avec patience et détermination, mais ils n’ont pas été en mesure de remettre le joueur auprès de ses coéquipiers, dans la chaleur du vestiaire.
Emmanuel Duchemin
« J’ai été plâtré pendant quatre mois, se souvient Manu. Mais je souffrais trop et j’ai dû renoncer. » Quel crève-cœur pour celui qui apportait toute sa vaillance au jeu des Nancéiens, sous la houlette de Pablo Correa. « Je ne voulais pas rester handicapé, poursuit-il. A 28 ans, il n’en était pas question. J’ai donc tout quitté. Ma santé d’abord. »

Sagesse du footballeur, l’homme, encore jeune, est installé dans une autre existence, à Amiens qui reste le berceau de son enfance. Après un temps de réflexion, et une nécessaire reconversion, Emmanuel Duchemin s’est tourné vers son avenir. Aujourd’hui, il conduit des trains. Assez logique de la part de celui qui, pendant plusieurs saisons, a… conduit le jeu de l’équipe nancéienne. Un stage d’un an à Lyon, et le tour était joué. Notre ami a trouvé sa voie, le rail qu’il a choisi de suivre le mène désormais vers la sérénité.

Emmanuel Duchemin

Des années Platini aux années Kim

Le football est rangé parmi ses souvenirs. Celui du 22 avril 2006 demeurera comme un moment indélébile en son esprit. Devant près de 80 000 spectateurs, au Stade de France, l’ASNL a soulevé le superbe trophée que représente la Coupe de la Ligue, en battant l’OGC Nice. « Réel bonheur que cette victoire, se rappelle Duchemin. On avait beaucoup investi dans cette compétition, et on a été justement récompensé. »
Emmanuel Duchemin
Manu évoque de temps en temps, les jours d’autrefois avec ses copains de l’époque, Pascal Berenguer, Benjamin Gavanon et d’autres. Avec les réseaux sociaux, le contact est facile. Le groupe qui a triomphé à Saint-Denis en 2006 avait été créé trois saisons plus tôt par Pablo Correa. Les joueurs ont tissé des liens conviviaux. Aujourd’hui que la page est tournée, pour Manu comme pour Chrétien, Puygrenier, Kim, Biancalani, Bracigliano, Curbelo et tous les autres, le palmarès de la Coupe de la Ligue est une savoureuse référence.

Le talon d’Achille du technicien, à jamais meurtri, empêche Emmanuel Duchemin de faire du sport et lui occasionne parfois quelques méchantes douleurs, mais il l’autorise à feuilleter un certain nombre de belles images d’hier. Celles-là même que, entre les incomparables années Platini et les merveilleuses années Kim, nous avons beaucoup aimées, nous aussi. N’est-ce pas ?

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