Le poste de défenseur central par Joël Sami
Les défenseurs centraux avaient autrefois pour mission de contrer l’adversaire. Aujourd’hui, ils ont aussi pour vocation de construire le jeu et doivent donc posséder une bonne technique des deux pieds.
Le poste de défenseur central a beaucoup évolué lors de la dernière décennie avec l’abandon du couple libero-stoppeur…
Quand j’ai véritablement débuté au poste de défenseur central en moins de 17 ans à Valence, on évoluait déjà en couverture alternée. Par contre, quand on joue à cinq derrière, cela se rapproche de l’ancienne formule. En général, c’est une tactique mise en place pour subir avec deux latéraux qui évoluent assez bas, deux défenseurs centraux au marquage et le retour d’un vrai libéro. Cela offre une assurance supplémentaire aux stoppeurs et permet de se lancer plus franchement dans les duels.
Jouer à deux sur la même ligne demande davantage de sens tactique ?
Beaucoup de communication surtout. Il faut vraiment une grande complicité avec son partenaire afin d’éviter de se faire surprendre dans le dos. Comme parfois pour les attaquants, c’est vraiment un poste où l’on joue en duo. Et mieux vaut être complémentaire. C’est le cas aujourd’hui à l’ASNL où nous avons tous des points forts différents. C’est le placement pour André Luiz, la vitesse pour Jordan Loties et l’impact physique pour moi.
Est-ce qu’il faut un grand bagage technique ?
Oui, car on nous demande de plus en plus de remonter balle au pied et de relancer proprement. Ce n’est pas toujours évident car, après avoir effectué une grande course pour récupérer le ballon, on n’est pas très lucide et on doit en plus subir le pressing de l’adversaire. C’est pourquoi l’image du stoppeur aux pieds carrés qui se contente d’un marquage individuel est aujourd’hui complètement dépassée. C’est beaucoup plus compliqué d’évoluer en défense centrale. Il faut vraiment être complet. C’est ce qui permet à des milieux défensifs de pouvoir reculer d’un cran car ils possèdent déjà des qualités de placement et de relance. André Luiz et Alfred N’Diaye sont deux bons exemples.
Il faut aussi être assez grand…
Face à des attaquants costauds, il est important d’avoir du répondant d’un point de vue physique afin de pouvoir les empêcher de se retourner. Ce n’est pas une obligation mais cela aide car cela permet de compenser d’éventuels points faibles.
Hormis sur coups de pied arrêtés, le défenseur central reste souvent dans son camp. Cela veut dire qu’il court moins que ses coéquipiers ?
Il ne fait pas les mêmes efforts que les latéraux ou les milieux de terrain, mais court autant que les attaquants. Ce sont des courses différentes et on s’en rend moins compte. Il faut donc aussi être endurant pour parcourir une dizaine de kilomètres par match. Par contre, il est parfois possible de compenser un manque de vitesse par un bon placement.
Il faut aussi savoir anticiper et bien lire le jeu. C’est quelque chose qui s’apprend ?
On l’acquiert avec l’expérience. Au fil des matchs, tu sens davantage les coups ce qui permet de deviner où va aller l’action. Mais, c’est en jouant que cela s’apprend. Et c’est très différent en L1 et en L2.
C’est aussi un poste qui demande un caractère particulier ?
Il faut être fort mentalement car on n’a pas le droit à l’erreur. On sait que l’on va immédiatement être montré du doigt si on encaisse un but. Cela demande beaucoup de concentration. Il faut aussi être capable d’intimider son adversaire dans les premiers duels, lui montrer qu’il ne va pas passer une bonne soirée. Cela peut marcher mais aussi se retourner contre nous car il peut y trouver une motivation pour se surpasser.
Beaucoup de défenseurs centraux portent le brassard de capitaine. Ce n’est pas un hasard ?
Le gardien mis à part, c’est le seul joueur qui voit toute son équipe sans avoir à se retourner. Cela permet de pouvoir replacer ses coéquipiers et nécessite donc de beaucoup parler. C’est ce qui donne ce caractère de leader au défenseur central.
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