

Par leurs plongeons spectaculaires, certains gardiens font le bonheur des photographes. Pas lui. Damien Gregorini ne pense qu’à l’efficacité et refuse toute compromission.
Je n’aime pas me mettre en avant. C’est mon caractère. Et puis, cela ne sert à rien de parler pour ne rien dire. Le plus important, c’est de montrer des choses sur le terrain, pas de faire des déclarations dans la presse. Cela m’a peut-être joué des tours, mais on ne se refait pas.
Je suis quelqu’un de différent quand je suis sur un terrain. Par exemple, je parle beaucoup aussi bien en match qu’à l’entraînement. Mes coéquipiers doivent sentir que je suis derrière eux. Bien communiquer pour placer ses défenseurs, c’est important pour un gardien et je n’ai aucun problème de ce côté-là.
Je parle beaucoup aussi. On rigole, on se chambre et quand quelque chose ne va pas, on le dit. C’est pour le bien de tout le monde. Avec quelques autres anciens, on se doit de faire régner l’ordre dans le vestiaire. Il faut être présent quand tout va bien mais aussi quand cela devient plus compliqué. Il faut se montrer vigilant et savoir mettre un petit coup de gueule ou parler à certains, aux plus jeunes. L’expérience, cela sert à cela. C’est important que cela ne soit pas toujours le coach ou le staff qui recadre un joueur. C’est aussi notre rôle car il est souvent plus facile d’accepter la remarque d’un coéquipier, même si tout dépend de la manière de le dire. Quand j’ai débuté à Nice, il y avait des trentenaires comme Frédéric Tatarian ou Manuel Nogueira qui étaient là pour nous mettre dans le droit chemin. Et on n’avait pas intérêt à la ramener. C’était une autre époque et je ne suis pas certain que cela pourrait passer aujourd’hui.
C’est le jour et la nuit. Tout est démesuré aujourd’hui. Dès qu’un joueur fait deux ou trois bonnes prestations, il est tout de suite monté au Panthéon et, à l’inverse, on enterre celui qui rate deux matchs de suite. C’est dommage car cela peut jouer des tours à certains qui montent rapidement puis redescendent tout aussi vite. Ce n’est pas leur rendre service.
J’aurai un peu plus de mal. Aujourd’hui, c’est la génération Playstation et internet alors que moi je suis resté aux cartes et au petit café après le repas. Avant, on restait entre coéquipiers pendant deux heures pour discuter après les repas. C’était une autre mentalité. Cela ne veut pas dire que je n’ai pas évolué et que je ne m’entends pas bien avec les jeunes. Mais, c’est vraiment complètement différent aujourd’hui.
Oui, car il y a le but derrière nous. Cela change tout. On est aussi un peu à part des autres joueurs puisque nous ne sommes que trois dans l’effectif et avons un entraîneur rien que pour nous. Je pense qu’il n’y a que les gardiens qui peuvent comprendre les gardiens.
Pour moi, seule compte l’efficacité et peu m’importe si mon style n’est pas beau à voir. Je n’essaye pas de changer en tout cas. Ce n’est pas mon tempérament de faire un geste pour la photo ou un plongeon quand il n’y a pas l’utilité. Ensuite, cela plaît ou pas, mais je reste comme je suis. C’est vrai que ce n’est peut-être pas vendeur mais je suis persuadé que la reconnaissance découle d’abord des performances. Je ne cherche pas à plaire mais à être efficace et respecté de mes coéquipiers. Et puis un bel arrêt, ce n’est pas forcément spectaculaire, c’est plutôt de faire le geste juste au bon moment.
C’est sûr qu’il faut être bien mentalement. Ensuite, un peu comme pour les attaquants, c’est beaucoup de gestes répétitifs qu’il faut sans cesse travailler. Les deux postes se ressemblent un peu dans ce domaine. On se retrouve aussi face à face et chacun essaye de prendre l’ascendant dans le duel. Il faut ensuite faire le bon choix. D’un match à l’autre ou d’une action à l’autre, il y a tellement de paramètres qui entrent en compte que c’est toujours différent. Un même geste peut être efficace sur une action et passer à travers sur la suivante.
Depuis que je suis à Nancy, je n’ai pas souvent débuté les saisons. C’est comme cela et il faut répondre présent à chaque fois que l’on fait appel à moi. Je pense que cela s’est plutôt bien passé depuis que je suis là et j’espère que cela va continuer. Mais, il est certain que ce n’est pas évident de ne jouer que quelques matchs au cours d’une saison car on manque forcément de repères.
Oui, car lors des séances d’entraînement, c’est dans ma nature de ne jamais rien lâcher et de toujours me donner à fond. C’est en revanche plus compliqué à vivre les jours de match. On a tous envie de jouer et il n’y a qu’une place de gardien. Cela fait partie du métier.
C’est un peu tout cela et aussi parce que les dirigeants m’ont expliqué qu’ils comptaient sur moi. Je sais que la situation économique des clubs est un peu difficile en ce moment et que beaucoup de joueurs sont restés sur le carreau. J’ai donc privilégié la sécurité en signant pour quatre ans avec une baisse de salaire. Je ne suis pas malheureux non plus…
C’est vrai. Le club est bien structuré, géré sainement et s’appuie sur des dirigeants et un staff qui sont là depuis longtemps. Cela ne fait pas de bruit mais cela avance petit à petit puisque l’ASNL est aujourd’hui bien ancrée en Ligue 1. Il y a aussi le projet de nouveau stade qui va permettre au club de continuer à grandir. J’espère y participer.
J’ai signé là-bas à 20 ans. C’est vrai que ce n’est pas un club qui correspond à mon caractère. Tout est surdimensionné à l’OM. Mais, j’ai beaucoup appris. J’ai débuté en L1 à Lyon puis j’ai enchaîné au Vélodrome contre le PSG. Jouer des matchs comme cela avec le maillot de l’OM est très formateur. D’ailleurs, deux ans là-bas équivalent à pas mal d’années dans d’autres clubs. À la fin de ma deuxième saison, Bernard Tapie est revenu au club et voulait des noms plus vendeurs. L’OM a engagé Vedran Runje et j’ai préféré retourner à Nice pour gagner du temps de jeu.
Aucun. Depuis que je tout petit, je voulais devenir footballeur et je compte aujourd’hui plus de 200 matchs de Ligue 1 et quelques rencontres de coupe d’Europe. Cela n’a pas été toujours facile mais j’ai su répondre présent dans la difficulté. Et, je ne suis pas encore à la retraite (rires) ! Si je tiens le coup moralement et physiquement, j’espère continuer encore plusieurs années et même signer un nouveau contrat en 2014…