Lusamba: "Ça m’a fait grandir plus vite"

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Interviews · 27/03/2015 à 09:19
27/03/2015 • 09:19

En quelques mois, Arnaud Lusamba est passé de l’anonymat du championnat U17 aux projecteurs de la Ligue 2. Entre deux révisions pour le bac, ce grand espoir de l’ASNL revient sur cette ascension rapide.

Quel était ton quotidien il y a un an ?

En mars 2014, je m’entrainais en alternance avec les groupes U17 et U19, mais jouais souvent avec les plus jeunes. Mon objectif était de finir le championnat avec les U19 et de reprendre durant l’été avec le groupe CFA 2. L’équipe professionnelle me semblait encore loin, même si je rêvais de faire quelques apparitions sur le banc de touche lors de cette saison.

 

Tout s’est accéléré quand Pablo Correa t’a annoncé que tu reprenais l’entraînement avec l’équipe professionnelle…

Je ne m’y attendais pas. Des copains du centre de formation m’en parlaient de temps en temps pour rigoler mais je ne les prenais pas au sérieux.

Séance d

Cela n’a pas trop perturbé tes vacances ?

Ça les a d’abord raccourcies, mais j’étais content de perdre un mois de vacances (sourire). Ensuite, c’est vrai que j’y pensais presque tous les soirs avant de m’endormir. J’avais une appréhension. Je me demandais si j’avais le niveau, comment cela allait se passer mon intégration avec les plus anciens,… Je me suis aussi préparé physiquement en conséquence, car je m’attendais à ce que l’on me demande davantage qu’au centre de formation. J’ai donc fait plus de footings que d’habitude. Je voulais être prêt.

 

Comment as-tu vécu les premières semaines d’entraînement ?

J’étais un peu intimidé. Les anciens ont trouvé les bons mots pour me mettre en confiance. Youss (Hadji) est directement venu me voir, me donner des conseils. On s’est immédiatement bien entendu. Il parle beaucoup dans le vestiaire. C’est le grand frère de tous les jeunes. J’en connaissais un peu certains comme Ibrahim (Amadou), Karim (Coulibaly), Rémi (Walter) ou Tobias (Badila) mais nous n’avions jamais joué ensemble. Nous ne sommes pas de la même génération. Il y a 3 ou 4 ans entre nous.

 

Qu’est-ce qui change le plus ?

L’exigence et l’intensité des entraînements. C’est plus dur à enchainer. On est fatigué. Cela demande beaucoup de sérieux. J’ai aussi été surpris par l’ambiance dans le vestiaire. Je ne m’attendais pas à ce que cela soit aussi détendu. En fait, on fait la part des choses. On sait être sérieux pendant le travail et rigoler après.

 

Première reprise avec les pros

Contre Épinal lors du premier match amical, tu es l’un des deux joueurs à disputer plus d’une mi-temps. Tu l’as vécu comme un signe positif ?

Après le match, les autres m’en ont parlé. Je n’avais pas pensé à cela et cela m’a incité à continuer dans cette voie. Même si c’était en amical contre une formation de National, c’était ma première donc un peu intimidant. Il faut trouver les bons repères, voir les habitudes de certains joueurs. On doit montrer que l’on est capable de jouer avec eux. Si on parvient à gagner leur confiance, l’adaptation se fait plus naturellement. En étant performant tout de suite, ça facilite les choses.

 

Ton objectif était de jouer contre Dijon lors de la première journée de Ligue 2 ?

Je n’y avais pas du tout pensé. Je voulais simplement être dans le groupe le plus souvent possible. La chance m’a ensuite souri grâce à un concours de circonstances. La veille, on s’entraînait à Picot. Le coach a reçu un appel téléphonique pour lui annoncer la suspension d’Iglesias. Dans la mise en place tactique, il m’a alors mis parmi les titulaires. J’étais très surpris, mais aussi excité et pressé d’être à l’heure du match. J’ai essayé de ne pas trop y penser pour ne pas gamberger. Ça m’a aidé d’avoir déjà joué des matchs importants avec l’équipe de France.

 

Premier match et déjà premier but…

J’étais très heureux d’avoir marqué, car je voulais montrer que je n’étais pas titulaire par hasard. J’étais aussi satisfait de ma prestation, mais en même temps déçu par le résultat. D’autant que l’on a vraiment réussi un bon premier match. Quant à la Ligue 2, j’ai trouvé ce championnat très dur et rigoureux. Les matchs se gagnent ou se perdent souvent sur des erreurs.

La joie du buteur Lusamba

 

Tu n’étais pourtant pas forcément un buteur avec les jeunes ?

Ce n’était pas trop mon rôle au départ. J’ai travaillé devant le but pour mettre toutes les chances de mon côté. Je sais qu’on regarde d’abord les statistiques d’un joueur offensif. Je dois encore m’améliorer. Je reste souvent à la fin des entraînements avec d’autres coéquipiers pour faire des reprises de volée.

 

Deux semaines plus tard, tu signes ton premier contrat professionnel…

Je voulais signer dans mon club formateur, car l’ASNL m’offrait la possibilité d’avoir du temps de jeu. Je sentais la confiance du coach et de mes coéquipiers. Je n’ai donc pas hésité. D’autant qu’après cinq années en forêt de Haye, je savais que c’était un très bon club.

 

Après cet été sous les feux des projecteurs, on commence à te reconnaitre dans la rue ?

Ça arrive que l’on me demande de signer un autographe ou de poser pour une photo. C’est agréable et j’accepte toujours avec le sourire. Il ne faut pas laisser croire que l’on a chopé la grosse tête. Car, cela peut monter au cerveau ! Si cela arrivait, je sais que le coach et les autres joueurs me remettraient tout de suite en place (sourire).

Autographe pour Lusamba

Tu as ensuite connu un automne moins étincelant…

Je m’y attendais, car cela coïncide avec le contrecoup de la rentrée scolaire. La charge de travail est importante en terminale. Il est également difficile d’être régulier pendant toute une saison. Je dois travailler pour y arriver.

 

Comment s’organise ta journée au centre de formation ?

Je me lève à 7h10 pour débuter les cours à 8h. Je quitte dix minutes avant afin d’avoir le temps d’aller me changer dans le vestiaire et d’être prêt pour l’entraînement de 10h. Je déjeune avec les copains du centre et reprends les cours de 13h à 15h. Parfois, il y a un deuxième entraînement et ensuite les devoirs. Je me couche vers 22h.

 

Arnaud Lusamba

Tu répètes souvent que ta priorité cette saison est d’obtenir ton baccalauréat…

C’est un bagage important pour un footballeur. Je travaille mes cours pendant les mises au vert ou les déplacements. Ça me permet de m’aérer l’esprit et de ne pas trop penser au match. Si j’obtiens le diplôme, je voudrais m’inscrire en psychologie et suivre des cours à la faculté. Je ne veux pas être déconnecté.

 

Tu sens que tu manques de temps pour souffler ?

Je me dis souvent que ça me ferait du bien. Puis je m’imagine avec mon diplôme et donc libéré de cette énorme charge de travail. Ça me motive à réviser.

 

Est-ce que cette année incroyable t’a changé ?

Ça m’a fait grandir plus vite, car je n’y étais pas préparé. Ça m’a aussi apporté de l’expérience. Je dois maintenant travailler pour être encore plus performant. C’est difficile de confirmer. Maintenant que l’on sait de quoi je suis capable, on attend davantage de moi.

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