Tintin en Bleu

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Articles · 09/07/2021 à 15:25
09/07/2021 • 15:25

Dans son numéro du 30 octobre 1981, le magazine Chardon Rouge revient sur la première sélection d’Eric Martin en équipe de France espoirs. L’interview de Tintin mais surtout les réactions de Bernard Zénier, Georges Huart et Aldo Platini permettent de cerner les grandes qualités de ce milieu défensif originaire de Verdun.

Pouvez-vous nous dire comment cela s’est passé cette première sélection ?

C’est Aldo Platini qui m’a téléphoné le vendredi. J’étais chez moi, dans l’après-midi. Il m’a dit Tintin, un telex de la Fédération vient d’arriver au club. Tu pars avec Titi (Zénier) demain pour le Pays de Galles. T’es sélectionné dans l’équipe de France espoirs petit. T’es content ? Vous pensez si j’étais content ! Si j’avais pu je l’aurais embrassé monsieur Platini. C’est un truc dont j’avais toujours rêvé. Et cela m’arrivait !

 

Et le match ?

Je n’ai joué que 25 minutes. Gaby Braun le sélectionneur aime les demis qui jouent long. Ce n’est pas tellement mon cas ni le jeu que l’on pratique à l’ASNL. Quand je suis rentré l’équipe de France était menée 1-0 et cela commençait à jouer dur des deux côtés. Il faut dire que les Gallois étaient tous des gaillards impressionnants, entre 1m80 et 1m90. Ils sont plutôt rugueux et les François à force de prendre des coups ont commencé à les rendre. Moi-même j’ai été descendu sur les deux premiers ballons que j’ai touchés. Alors j’ai fait comme tout le monde j’ai rendu. J’ai eu tort, l’arbitre anglais n’a pas apprécié. J’ai reçu un avertissement. Titi a été expulsé sans rien faire de spécial, un tacle.

 

Etiez-vous déçu de ne pas jouer plus ?

Non, j’étais déjà bien content d’être là dans la sélection. Normalement c’était Zanon et Lemoult qui étaient retenus. Comme ils étaient forfaits monsieur Braun nous a appelés Zaremba et moi. Mais naturellement j’aurais préféré jouer tout le match cela va de soi. Ce sera pour une autre fois je pense…

Qu’avez-vous retenu de cette sélection ?

Cela m’a apporté une certaine ouverture. Je rencontrais d’autres joueurs qui ne sont pas mes copains habituels. Forcément on parlait d’autre chose, un de Lille, l’autre de Sochaux ou de Monaco ou de Bordeaux. C’est une expérience intéressante et utile sûrement. Et puis être sélectionné cela vous donne un peu d’assurance.

 

Et le maillot, vous l’avez gardé ou vous l’avez échangé ?

Je l’ai gardé, il est chez moi. Le n°14 comme Cruyff… Un premier maillot de l’équipe de France je crois que cela ne se donne pas… Les autres je verrai.

 

Georges Huart (entraîneur de l’ASNL)

Georges Huart apprécie beaucoup Eric Martin dont le rôle est important dans l’équipe nancéienne. « C’est lui qui sert de régulateur. Il apporte l’appoint offensif quand cela s’avère nécessaire. Il joue parfaitement la compensation défensive quand un défenseur monte. Il sent ce qui doit être fait instinctivement. C’est un joueur qui a une grande intelligence de jeu. Ce qui lui permet de ne pas se cantonner dans le rôle de neutralisation du dix adverse (…) Et il a une autre qualité précieuse, il n’est jamais battu. C’est un gagneur. »

 

Aldo Platini (directeur sportif de l’ASNL)

Aldo Platini voit en Eric Martin un très grand demi pour demain. « En fait il est déjà un très bon demi. Terrible sur le plan défensif. Je crois que nous n’avons jamais eu un six comme lui. En tout cas pas depuis Chenu. Il est capable d’être partout. Il ne défend pas seulement, il est aussi toujours disponible. Il n’a pas de complexe, il ose tout. Je suis convaincu qu’il va encore progresser beaucoup. Il a d’ailleurs corrigé certains de ses défauts. Il joue maintenant plus calme. »

Aldo Platini

BERNARD ZÉNIER (JOUEUR À L’ASNL)

Bernard Zénier fut un peu le grand frère, le parrain de sélection pour Eric Martin. C’est lui qui le chaperonna ce qui allait de soi bien sûr quand on sait la bonne ambiance qui règne dans l’équipe nancéienne. « Il a été très bien. Dans les entraînements il a tout de suite été dans le coup et je n’ai pas bien compris que Gaby Braun ne le fasse pas jouer d’entrée. Il avait composé un milieu dans lequel il n’y avait pas de vrai numéro six : Amoros qui était toujours devant, Martinez qui joue en dix à Bordeaux, et Joël Henry qui est aussi un dix. C’était formidable quand on avait le ballon mais quand on l’avait perdu c’était moins drôle. »


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