Chahechouhe : Retour en grâce

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Articles · 08/02/2011 à 09:01
08/02/2011 • 09:01

Non conservé par le centre de formation il y a six ans, Aatif Chahechouhe est revenu par la petite porte durant l’été 2009 pour finalement intégrer l’effectif pro quelques mois plus tard. Retour sur le parcours chaotique de ce franco-marocain particulièrement doué dans l’art du dribble et du contre-pied.

« L’histoire est belle. » Ces trois mois reviennent à plusieurs reprises au cours de l’entretien. Aaatif Chahechouhe est conscient d’avoir suivi un parcours assez incroyable, délaissant l’autoroute qui mène au professionnalisme pour finalement emprunter des routes secondaires aux tracés parfois chaotiques. Tout a débuté par un but inscrit de trente mètres lors d’un match de moins de 18 ans avec le Racing 92 face à l’ASNL. Le staff nancéien l’invite à faire un essai au centre de formation puis lui fait signer un contrat de deux ans. Il est aux anges. « Il n’y avait que le foot dans ma vie, avoue ce jovial franco-marocain. J’avais des posters de Bebeto et Romario dans ma chambre et je jouais tous les jours sur les city-stades de mon quartier des Blagis à Fontenay-aux-Roses. Je sortais toujours avec un ballon pour faire des matchs, des dribbles ou des jongles. Ma technique vient de là. Ce n’est pas le foot qui s’apprend en centre de formation. »

Les conseils de Pablo CorreaMais, la technique n’est pas suffisante pour franchir tous les obstacles qui jalonnent le parcours d’un joueur de Ligue 1. Aatif va vite l’apprendre à ses dépens. Dès ses premiers mois en forêt de Haye, on lui reproche de manquer de puissance. Dans ses clubs précédents, il n’a jamais travaillé la musculation et se retrouve à la peine face à des adversaires mieux préparés au combat physique. « Quand j’étais lancé, cela pouvait aller mais j’avais un vrai problème au démarrage. Je suis certainement arrivé un peu trop tard dans un centre de formation. Cela a peut-être été un mal pour un bien. Retourner dans le monde amateur m’a forgé un caractère et a étoffé mon jeu. »


Aatif refuse un contrat pro

L’ASNL a en effet libéré Aatif dès la fin de sa première année de contrat. Retour donc à la case départ en région parisienne. Après deux saisons en CFA et CFA 2, le CSSA Sedan lui offre une seconde chance. Il débute en réserve puis intègre l’équipe première en seconde division. Les dirigeants ardennais lui proposent de signer pro. Il refuse. « Quelle erreur, regrette-t-il aujourd’hui. J’ai été mal conseillé par des agents qui me promettaient la lune et qui n’avaient en fait aucun contact pour moi. J’ai été obligé de repartir de zéro en région parisienne. »

Il passe de la Ligue 2 au National à Sannois-St-Gratien puis au CFA à Noisy-le-Sec sans jamais perdre espoir d’évoluer un jour au plus haut niveau. Ses frères le poussent à ne rien lâcher et le persuadent qu’il gagnera sa vie grâce au ballon. Alors, quand son club affronte des réserves pros, il essaye de se faire remarquer. « J’étais un peu plus motivé et me rendais compte que mes adversaires n’avaient rien de plus que moi. J’étais un peu plus vieux mais me disais que ce n’était pas un handicap si j’arrivais à être le meilleur. Drogba, Carrière ou Ribéry se sont aussi révélés tardivement. »

Le destin va alors lui réserver une drôle de surprise puisque c’est à nouveau l’ASNL qui le remarque lors d’une rencontre conclue par un but et une passe décisive. Rachid Maatar lui propose un challenge sur un an. Le deal est clair : il débute en réserve et doit prouver qu’il est capable de rejoindre le groupe pro. Retour en forêt de Haye. Aatif manque toutefois toujours de puissance. D’ailleurs, ses tests physiques sont identiques à ceux réalisés six ans plus tôt.

Face à Lorient en 2010/2011

L'histoire n'est pas terminée

« J’ai appris à compenser ce défaut en mettant beaucoup de gnac dans les duels, en évitant les dribbles arrêtés et en travaillant mon timing ». Cela lui suffit pour enchaîner les bonnes prestations avec les espoirs et taper dans l’œil de Pablo Correa qui l’invite finalement à rejoindre son groupe durant le printemps 2010. « J’étais fier de moi, de n’avoir jamais lâché malgré tout mes échecs. Je craignais que mon rêve me soit passé sous le nez et que je ne devienne jamais pro. J’y pensais tous les jours. Cette promotion a donc été un immense soulagement. J’étais aussi très heureux de débuter en L1 avec l’ASNL car cela a été mon premier club formateur. L’histoire est belle. »

Mais, l’histoire est aussi loin d’être terminée. Aatif Chahechouhe ne veut pas se contenter d’une place dans le groupe. Il veut jouer et se donne un an pour prendre ses marques dans ce championnat de Ligue 1. Et de l’avis de son copain Samba Diakité, qui évolue à ses côtés depuis deux ans et demi, il en est capable. « Quand nous jouions à Noisy-le-Sec, il réalisait des trucs exceptionnels. Je l’ai vu éliminer six ou sept adversaires sur une action. Il n’est ni puissant, ni rapide mais arrive toujours à faire la différence. C’est un vrai dribbleur. On n’a pas encore vu le vrai Aatif ici à Nancy. »

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