Grange: "Régaler mes coéquipiers "

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Interviews · 09/05/2013 à 09:16
09/05/2013 • 09:16

Doté d’un pied droit d’une extrême précision, l’ex-milieu de terrain de Châteauroux est capable de marquer des buts superbes comme face à Lille en début d’année. Mais c’est dans le jeu collectif qu’il prend son pied.

Après un peu plus de six mois de compétition, comment trouves-tu cette Ligue 1 ?

Ce qui m’a beaucoup surpris, ce sont les individualités. Certains joueurs sont vraiment au-dessus. Quand leur équipe est en difficulté, ils sont capables de faire la différence. Je pense au Toulousain Sissoko, à Valbuena et Gignac, forcément à Ibrahimovic, mais aussi à Alessandrini qui a débloqué pas mal de matchs de Rennes dont celui qu’ils gagnent à Marcel-Picot. Beaucoup d’équipes peuvent s’appuyer sur ce type de joueurs, capables de marquer à tout moment, alors que nous, nous avons davantage besoin du collectif pour nous en sortir.

 

Cette saison, c’était aussi la découverte d’un nouveau club. Quitter Châteauroux où tu as vécu tes 24 premières années n’a pas été trop difficile ?

J’appréhendais un peu ce moment. À Châteauroux, même si je ne vivais plus chez mes parents depuis que je suis professionnel, ma famille était toujours proche. Finalement, cela s’est très bien passé et me suis vite intégré au club et à la ville. C’est assez compliqué de faire sa place dans un vestiaire, mais j’ai vite sympathisé avec les autres joueurs.

Ta discrétion n’a pas été un frein ?

C’est vrai que je suis plutôt discret dans la vie, mais je deviens une autre personne dans le vestiaire. J’aime bien rigoler et comme je suis souvent avec le boute-en-train Thomas Ayasse, je suis servi ! Je me transforme aussi sur le terrain. C’est un autre Romain Grange. J’oublie d’être gentil pour ne penser qu’à la victoire. Et si je joue contre un pote et que je dois mettre le pied, je n’hésite pas une seconde.

 

Cette discrétion est une qualité ou un défaut dans le football ?

Je ne sais pas… Il y a pas mal de bons joueurs qui sont discrets dans la vie comme Gourcuff ou Zidane. On n’entend jamais parler d’eux en dehors du football. J’essaye d’être assez discret et de ne pas faire de bruit. Je préfère que l’on me remarque pour mes qualités footballistiques.

 

Après le prêt de Yohan Mollo à Saint-Étienne, le club t’a désigné comme son successeur naturel au poste de milieu offensif. Cette confiance t’a touché ?

Je ne m’attendais pas au départ de Yo (Mollo). Quand je l’ai appris, je me suis dit que cela pouvait m’être favorable et m’offrir un peu plus de temps de jeu. J’ai ensuite entendu le président Rousselot et Nicolas Holveck le confirmer. Leur confiance devrait me permettre de jouer un peu plus libéré.

Cela signifie que ton apprentissage, que tu imaginais durer toute la saison, est terminé ?

Oui, c’est vrai que cela s’accélère. Je ne me mets pas plus de pression pour autant et vais essayer de faire le maximum pour faire de bons matchs et aider l’équipe à gagner.

 

Ton copain Alessandrini a rapidement négocié le virage qui mène de la L2 à la L1. Est-ce que sa réussite te décomplexé ?

Sa situation est différente, car il était vraiment au-dessus des autres en Ligue 2 avec pas mal de buts et beaucoup de passes décisives. Il avait juste besoin de quelques semaines pour trouver le rythme. En plus, même si son adaptation a été rapide, il a été recruté comme un titulaire et est arrivé dans une équipe qui tournait bien. Moi, je partais vraiment sur une année d’apprentissage et cela s’est compliqué à cause de nos résultats. Pour un joueur venu de Ligue 2, cela devenait difficile de faire d’excellents matchs et de s’imposer. Je ne suis pas un magicien.

 

Tu n’es pas encore ce joueur capable de faire gagner un match sur un exploit individuel ? Est-ce un objectif ?

Non, du tout. Si je peux marquer, je vais essayer de la mettre au fond, mais je n’oublierai jamais un coéquipier mieux placé. Je ne suis vraiment pas un buteur. Je préfère être au cœur du jeu, faire de belles passes et régaler mes coéquipiers.

Tu ressens beaucoup de pression durant un match ?

Pas trop en fait. Je suis hyper motivé, car c’est quand même un rêve de gosse de jouer en Ligue 1, mais je parviens à ne pas me mettre trop de pression. C’est peut-être ma nature. J’essaye de jouer comme si j’étais avec mes potes. Cela reste un jeu de toute façon ! Quand on se met moins de pression, on joue plus relâché et on est plus efficace. En revanche, c’est plus dur après les matchs où je ne m’endors que vers 3 ou 4 heures du matin.

 

Est-ce que de mauvais résultats peuvent gâcher le plaisir d’être footballeur ?

Non, parce que c’est le plus beau métier du monde. Maintenant, il est vrai que pour ma première année en Ligue 1, j’aurais aimé que cela se passe différemment. Jouer le maintien est assez compliqué pour tout le monde. Il faut néanmoins que cela reste un plaisir et ne pas trop se prendre la tête. On va tout faire pour se maintenir, mais si on échoue, il faudra alors viser une remontée en Ligue 1. C’est aussi un objectif intéressant.

 

Quel est le remède pour garder la tête hors de l’eau ?

Ne pas se mettre trop de pression. Comme tout le monde nous voit en Ligue 2, on n’a plus rien à perdre. Cela peut nous aider pour faire de bons résultats. Lors de cette deuxième partie de saison, on doit vraiment prendre du plaisir à jouer ensemble, à faire les efforts les uns pour les autres. Le maintien est encore possible. Pour nous et pour nos supporters, cela serait aussi fort qu’un titre de champion !

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