Haïdara: "Il faut prendre des risques"

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Interviews · 02/08/2012 à 15:23
02/08/2012 • 15:23

Avant d’évoluer sur le côté gauche de la défense, Massadio Haïdara était un attaquant qui aimait dribbler et marquer des buts. Ce qui rejaillit aujourd’hui dans son style fougueux et décomplexé.

Malgré ton poste de défenseur et ta jeunesse, tu fais parfois preuve de beaucoup de culot comme lorsque tu tentes un petit pont à Jimmy Briand…

Cela vient instantanément. Sur cette action, je n’avais pas d’autres solutions donc je le tente et me prépare à récupérer le ballon si cela échoue. C’est normal que je prenne confiance en enchaînant les prestations. Je sens aussi que le regard de mes coéquipiers change et cela me permet d’aborder plus facilement les matchs. Il faut prendre des risques si on veut faire la différence et marquer des buts. Et puis je sais que le coach sera toujours là pour me calmer si je monte un peu trop souvent.

 

Comment s’explique cette attraction pour l’attaque ? Tu n’as peut-être pas toujours été défenseur ?

C’est tout à fait cela. J’ai débuté le football comme attaquant. J’aimais beaucoup dribbler ce qui explique pourquoi je n’hésite jamais à le faire dès que j’en ai la possibilité. J’ai ensuite évolué dans le couloir gauche comme ailier puis milieu. Je suis devenu latéral un peu par hasard. Quand j’avais 14 ans, mon coach à Boulogne-Billancourt m’a demandé de reculer pour un match. J’étais un peu perdu au niveau du placement mais c’est venu progressivement et je me suis finalement installé à ce poste.

C’est quelque chose que l’on accepte facilement ?

Je n’aimais pas trop au début car je prenais moins de plaisir. Du jour au lendemain, on te demande d’uniquement défendre. C’est difficile pour un joueur offensif car en plus les latéraux ne participaient pas trop au jeu à cette époque-là. J’avais du mal à l’accepter. Puis, j’ai commencé à prendre du plaisir à faire une bonne récupération, à servir mon coéquipier dans de bonnes conditions ou à être décisif sur une intervention défensive.

 

C’est un plaisir différent…

Oui, c’est cela. Les attaquants n’aiment pas défendre car ils n’y prennent pas de plaisir. Eux préfèrent tenter des gestes et marquer des buts. Pour nous, les défenseurs, c’est autre chose. Quand ton adversaire direct n’est pas passé une seule fois, tu as la fierté d’avoir réussi ton match. Je n’ai donc plus aucun regret d’être arrière gauche. Je suis même heureux à ce poste et sais que je ne serais peut-être pas ici aujourd’hui si j’avais continué à évoluer au milieu ou en attaque.

 

Ta frappe de balle, l’une des plus pures du groupe nancéien, pourrait quand même faire des ravages à un poste plus offensif ?

Quand j’étais milieu, j’avais davantage d’occasions de frapper et marquais plus de buts. Ce n’est pas ce que l’on demande à un latéral, qui n’a parfois qu’un ou deux ballons à exploiter dans le camp adverse. J’avoue que c’est un petit regret de ne pas pouvoir être plus décisif. Ma première passe décisive m’a donc fait très plaisir car elle nous a en plus permis de gagner notre match à Brest. Je dois maintenant progresser dans ce domaine de la dernière passe pour apporter un plus à l’équipe. Je le travaille à l’entraînement avec le coach.

 

Tu dois bien rêver parfois d’offrir la victoire à l’ASNL en nettoyant une lucarne adverse ?

J’y pense même en plein match. Je me dis que je vais frapper dès que je vais recevoir le ballon. Et but (rires). Après, souvent je n’ose pas le tenter et préfère choisir une autre solution. Si j’ai la chance de marquer un jour, je pense que cela va me libérer. Je serais conscient que j’en suis capable et oserais tenter plus souvent ma chance. Cela me donnera encore plus confiance.

 

La priorité aujourd’hui, c’est de t’installer dans le onze de départ ?

C’est mon objectif personnel. Mais, il faut être régulier et c’est le plus difficile. Tous les matchs sont différents et tu ne peux pas toujours évoluer dans le même registre. Cela dépend des circonstances et de l’adversaire. Il faut savoir s’adapter. Le jour où tu n’es pas bien par exemple, il faut se contenter de ce que l’on te demande sans essayer d’en faire plus.

 

Sachant que tu ne fêteras ton 20e anniversaire qu’en décembre prochain, tu dois déjà être très fier de ton parcours ?

Je suis assez content de moi. Je pense que je fais de meilleurs matchs que l’année dernière. Mieux connaitre la Ligue 1 me permet d’aborder plus facilement les rencontres. Mais, il me reste encore beaucoup de choses à travailler. Même si je sais que peu de joueurs de ma génération sont titulaires à ce niveau, je ne veux pas brûler les étapes. Mon objectif est de progresser lentement mais surement pour faire la plus belle carrière possible.

La présence à tes côtés de joueurs expérimentés comme Sébastien Puygrenier ou André Luiz est déterminante ?

C’est plus facile car ils savent comment aborder les matchs où tu ressens la pression du résultat, du public… Ils communiquent beaucoup et me mettent en confiance. Ils m’ont aussi aidé à me libérer et à parler davantage, ce que je ne faisais jamais auparavant. Cette timidité était l’un de mes petits défauts. Aujourd’hui, ils insistent pour que je n’hésite jamais à leur dire ce qui ne va pas.

 

Le coach Jean Fernandez joue aussi un rôle très important dans ton éclosion…

Lui aussi m’a beaucoup apporté sur le plan défensif. Il m’a également fait progresser au niveau de la concentration et de la régularité. Ses mots sont précieux car à partir du moment où tu sais ce que tu dois faire, tout devient plus facile. Il est toujours derrière nous car il sait que l’on peut donner encore plus. Cela nous permet d’être tous à 100% et cela élève le niveau de jeu de l’équipe.

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