Jammot: "Un championnat homogène"

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Interviews · 31/07/2013 à 01:38
31/07/2013 • 01:38

Avec vingt années à commenter les matchs de Ligue 2, de 1992 à 2012, Christophe Jammot est certainement le journaliste le plus pertinent pour présenter cette nouvelle édition.

Après huit années parmi l’élite, les spectateurs de Picot vont retrouver la L2. Est-ce que ce championnat a beaucoup changé ?

Oui, dans la mesure où les bons joueurs que l’on a vus ces dernières années étaient plutôt des jeunes alors qu’à une époque, on faisait plutôt appel à de vieux grognards comme Cascarino à l’OM par exemple. Le souci, c’est que dès qu’un bon jeune sort, il est aussitôt happé par des clubs de première division, plutôt étrangers que français d’ailleurs. Le Havre en est un bon exemple.

 

On le définit souvent comme un championnat âpre, physique,…

Grâce au bon travail des clubs, c’est moins bourrin que par le passé. C’est surtout un championnat qui se joue beaucoup sur le mental et ceux qui s’en sortent savent se battre. Avec le même effectif, tu peux jouer une année pour la montée et la suivante pour ne pas descendre. Techniquement, les clubs se valent mais ça manque tout de même de talents. En conclusion, le niveau moyen n’a pas forcément progressé mais c’est plus homogène.

 

Avec l’arrivée du milliardaire Hafiz Mammadov, le RC Lens est-il le grand favori de cette nouvelle édition ?

Avec un entraîneur (Kombouaré) qui ne se la raconte pas, des moyens financiers et le soutien de leur public, ils seront forcément dans le coup. Mais, ils ne se sont pas lancés dans une politique d’achat à outrance. La présence d’un milliardaire à la tête du club sera donc moins visible qu’à Paris ou Monaco. Ce n’est pas la mentalité de Lens de miser sur la starisation. C’est quand même fou que le patrimoine du football français dépende aujourd’hui de fortunes étrangères. Je trouve toujours exemplaire que ceux qui ont réussi dans les affaires, comme votre président Jacques Rousselot, investissent autant d’argent à perte dans le foot. Sans eux, de nombreux clubs auraient disparu. Ça me rappelle cette blague : "Comment devient-on millionnaire avec un club de foot ? Quand on l’a acheté quand on était milliardaire. "

 

Où situez-vous l’ASNL dans cette L2 ?

Quand on n’a pas goûté à un championnat depuis longtemps, c’est toujours un peu compliqué d’y retourner. Le public aura un rôle clé. Il a pris l’habitude de voir Paris, Marseille ou St-Etienne et va devoir adapter ses exigences afin de ne pas mettre une pression excessive. Une montée, c’est 38 étapes, un vrai marathon et un combat humain où tout le monde doit marcher ensemble. Il faut miser sur l’envie et le combat dès le coup d’envoi de la saison. Ce n’est pas facile pour les clubs qui descendent de l’étage supérieur et rater son entame est quasiment rédhibitoire pour reprendre l’ascenseur. L’ASNL a eu la sagesse de garder son entraîneur. Même s’il n’y a pas eu de maintien, la dynamique des derniers mois est vraiment positive. Cela assure une base solide pour ne pas paniquer.

 

Le club a recruté deux joueurs qui évoluaient déjà en Ligue 2 la saison dernière…

Ce sont des joueurs aguerris et de talent. François Bellougu peut par exemple faire la différence individuellement. Il a cette faculté à prendre l’initiative. Mais, la base est d’avoir un bon gardien et un bon buteur. Gregorini, c’est rassurant pour ses équipiers par son expérience, son vécu. Cela peut aussi intimider les adversaires. Même si ce n’est pas le meilleur gardien de France, c’est une valeur sure et un vrai atout pour l’ASNL.

Les autres favoris pour la montée ?

Caen possède le potentiel. Le Havre aussi. Ces dernières saisons, leur nouveau stade leur a peut-être mis trop de pression et ils ont souvent trébuché à quelques places du podium. Je pense qu’ils vont se mêler à la lutte. Angers n’est jamais très loin et Auxerre a un coup à jouer. Brest va profiter du retour de Dupond, qui connait ce championnat par cœur. Il sait parfaitement gérer les temps faibles, c'est-à-dire sauver le nul quand on ne peut pas gagner, et peut emmener son équipe dans le top 5. Troyes pratique un football intéressant avec Furlan. Avec moins de moyens, Pasqualetti est lui capable de jouer un rôle d’arbitre avec Istres. Il ne faut pas oublier que la montée ne se joue pas contre les favoris mais contre les autres équipes.

 

En devenant rédacteur en chef d’Onzéo, vous allez continuer à suivre la Ligue 2. Quel sera votre rôle au sein de cette chaine qui réunit 13 clubs, dont l’ASNL ?

Je vais commenter deux matchs par semaine et animer trois émissions : Espace club du lundi au jeudi, une hebdomadaire avec une personnalité en face à face pendant trois quarts d’heure et un débat mensuel avec des présidents de club.

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