Thiam, attaquant de père en fils

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Interviews · 27/12/2021 à 08:30
27/12/2021 • 08:30

Plongé dans le monde du football dès sa plus jeune enfance, Mamadou Thiam a toujours eu envie de marcher sur les traces de son père footballeur professionnel.

Ton père Idrissa Pape Thiam a évolué plusieurs saisons en deuxième division notamment à Alès et à Istres. Même si tu ne l’as jamais vu jouer à ce niveau, c’était un modèle pour toi ?

C’est clair. Quand j’avais cinq ou six ans, j’ai quand même eu la chance de le voir jouer sur sa fin de carrière en National et en CFA. C’est lui qui m’a donné envie de jouer au foot. C’était un attaquant puissant, adroit des deux pieds et rapide. C’était aussi un buteur.

 

Est-ce qu’il t’a encouragé à suivre sa voie ?

Non, au début, il m’a encouragé à privilégier mes études. Mais quand il s’est rendu compte que je penchais davantage vers le foot, il m’a aidé. Ses conseils m’ont vraiment été précieux. C’était une chance d’avoir un père qui avait été footballeur. Il a pu profiter de son expérience pour m’éviter de commettre les mêmes erreurs que lui. Il est toujours là pour moi et me conseille toujours.

Mamadou Thiam

Es-tu issu d’une grande famille de footballeurs ?

Mon grand-père a été entraîneur de l’équipe du Sénégal. J’ai aussi deux petits frères de 13 et 15 ans qui jouent dans des clubs amateurs en région parisienne. J’espère qu’ils iront très haut.

 

Le sens du but, cela se transmet ?

Cela s’apprend. C’est l’objectif n°1 pour un joueur offensif. Je ne suis pas un grand buteur, mais je veux marquer des buts. J’aime aussi faire des passes décisives. C’est aussi fort pour moi que de marquer. Il est important d’être décisif et d’avoir de bonnes statistiques. C’est ce que tout le monde regarde aujourd’hui. Mais, cela ne doit pas être au détriment de l’équipe. Quand un coéquipier est mieux placé, c’est bête de l’oublier et de frapper au but. L’équipe doit toujours primer.

Mamadou Thiam

Après de belles promesses et notamment deux buts en Coupe du Monde U20 avec le Sénégal, comment se sont passés tes débuts en professionnel ?

Cela a été plus compliqué que prévu. J’étais jeune et un peu trop pressé de jouer. J’avais pourtant un très grand coach, Olivier Dall'Oglio, qui n’a réussi que de superbes choses depuis son départ de Dijon. Avec lui, on a fait une très belle saison et nous sommes montés en Ligue 1. Mais je ne jouais que des bouts de match. J’ai été prêté à Clermont. Cela a été le vrai départ de ma carrière (NDLR : 8 buts en 34 matchs). C’est à partir de là que je me suis vraiment senti footballeur professionnel. J’ai pris confiance dans le jeu. J’ai emmagasiné de l’expérience.

 

Tu as ensuite évolué trois saisons à Barnsley. L’Angleterre te faisait rêver ?

J’avais l’opportunité de rester en France, mais dès que Barnsley s’est intéressé à moi, je n’ai pas hésité une seconde. C’était effectivement un rêve d’aller dans ce grand pays de foot. Il y a les supporters et ce style de jeu plus intense. C’est un championnat qui convient bien à mes qualités. Je pensais même y rester jusqu’à la fin de ma carrière. Cela a cependant été plus difficile lors de ma dernière saison, mais j’en garde un excellent souvenir.

 

Les conseils du papa

Auteur de 25 buts en deuxième division de 1989 à 1993, Idrissa Pape Thiam aimerait que son fils Mamadou devienne lui aussi un vrai buteur.

Avez-vous décelé très tôt le potentiel de Mamadou ?

Il a toujours eu le football dans le sang. Dès l’âge de six ans, je l’ai pris sous mon aile et je lui ai fait travailler beaucoup de choses. Très jeune, il avait déjà de grosses qualités comme une excellente technique, une capacité à garder le ballon et à jouer dos au but, un bon crochet et une puissante frappe de balle. Il était prédestiné à devenir footballeur.

 

Vous avez hésité à le pousser vers une carrière professionnelle ?

Je n’avais pas forcément envie qu’il devienne professionnel. C’est un métier très aléatoire et ceux qui réussissent une longue carrière ne courent pas les rues. Je voulais qu’il puisse avoir un plan B. Quand on raccroche les crampons, on est très jeune et on a encore tout une vie devant soi. Mais Mamadou n’aimait que le foot. J’ai donc essayé de l’accompagner du mieux possible.

Mamadou Thiam

Quels conseils lui donnez-vous ?

De croire en lui ! Il possède un gros potentiel et doit l’exprimer. Aujourd’hui, il joue avec seulement 60% de ses qualités. Je ne sais pas ce qui le bloque. S’il parvient à mieux s’épanouir, ce sera un autre joueur. C’est maintenant à lui de casser la baraque. Il n’a que 26 ans.

 

Dans quels domaines doit-il encore progresser ?

Dans la finition. Il est trop altruiste pour un attaquant. Même en bonne position pour frapper au but, il essaie toujours de voir si un coéquipier est mieux placé que lui. Dans le football moderne, on n’a pas trop le temps de réfléchir. Il faut jouer à l’instinct et aller à l’essentiel : tirer et marquer !

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