Maatar: le club de toute une vie
Pour le patron du centre de formation, l’AS Nancy-Lorraine est davantage qu’un employeur. C’est d’abord son club, celui qui l’a initié au football dans les années 60 puis lui a permis de débuter une carrière professionnelle en première division.
« Originaire du quartier Saint-Pierre René II à Nancy, j’ai signé ma première licence à l’ASNL dès l’âge de cinq ans.
Cette photo avec Justin Dubach, mon premier éducateur au club, date du milieu des années 60. Philippe Jeannol se trouve en haut à droite. »
« C’est l’équipe qui a gagné la coupe de Lorraine en 1972. Philippe Jeannol est toujours à mes côtés. Il y aussi Jacques Mifsud qui m'a rejoint au centre de formation pour entraîner les gardiens et Fabrice Morville. A cette époque, je ne pensais qu’au foot et rêvais de vivre de ma passion. »
« Quand j’étais gamin et que je rêvais de devenir pro, c’était toujours avec le maillot de Nancy. C’est arrivé en 1983/1984. Après avoir joué vingt minutes à Nantes, j’ai été titularisé contre le leader Bordeaux à Picot.
Le stade était plein et j’avais la lourde tâche de marquer le meilleur buteur du championnat. Je m’en suis bien sorti jusqu’à une minute fatidique où je perds mes appuis sur un centre de Raymond Domenech. Bernard Lacombe contrôle de la poitrine et met le ballon au fond en moins de deux secondes.
J’ai appris ce jour-là qu’un défenseur ne réussit jamais un bon match quand son adversaire direct trouve le chemin des filets. Je m’en sers encore aujourd’hui dans mes discours avec les jeunes. »
« Je ne devais surtout pas blesser Michel ce jour-là. Son père Aldo me l’avait répété toute la semaine précédant ce 32e de finale de coupe de France à Marcel-Picot entre St-Dié et St-Etienne.
C’était un immense honneur pour moi d’affronter le meilleur joueur du monde dans le stade de ma ville. »
« Même si je défendais alors les couleurs d’Angoulême et Olivier Rouyer celles de Strasbourg, on se retrouvait souvent en forêt de Haye pendant la trêve pour travailler ensemble. Aldo Platini venait discuter avec nous. Comme Antoine Redin, il m’a inspiré ma manière de coacher. 34 ans plus tard, je me sers d’ailleurs encore de certaines de ses directives comme par exemple le travail individuel face à un mur. »
« Pour le deuxième match du jubilé de Michel Platini, on devait affronter la Juventus de Turin mais le club italien avait été contraint de disputer un match d’appui dans son championnat. Avec une sélection de Lorraine, on a donc joué contre Bordeaux et j’ai trouvé le moyen de blesser l’un des frères Vujovic. Même en amical, je ne pouvais pas me freiner. C’était en tout cas très important pour moi d’être présent sur la pelouse pour rendre hommage à Michel Platini. Je me souviens qu’il s’entraînait parfois avec nous quand il est arrivé à Nancy. Nous étions en minimes et lui logeait chez notre coach M. Kuba. »
« Après avoir débuté ma carrière d’entraîneur à Lunéville, j’ai pris en charge les moins de 18 ans de l’ASNL. J’étais très exigeant avec eux mais ils m’en étaient reconnaissants et m’avait invité à l’anniversaire de Roland Yoro.
Il y avait notamment Nicaise, Sorin, Bracigliano, Hadji et Zerka. Tous les cinq ont ensuite joué en première division. C’est une grande fierté. »
« Mon retour à Nancy. J’y pensais sans cesse et c’est au moment où je m’y attendais le moins que c’est arrivé. J’ai accepté la proposition sans réfléchir car c’est une chance inouïe de travailler dans son club. Le métier a cependant beaucoup changé. Les jeunes n’ont plus le même état d’esprit que sur la photo précédente. Il faut s’adapter tout en gardant les mêmes principes afin de continuer à former des joueurs de haut niveau. »