Nguemo, le plaisir de transmettre

« Quand j’ai raccroché les crampons en 2020, je n’avais pas vraiment d’ambitions précises hormis celle de me former », explique Landry Nguemo. L’ancien joueur professionnel s’oriente d’abord vers la gestion et l’administration en obtenant le DUGOS (Diplôme Universitaire Gestionnaire des Organisations Sportives) d’un niveau bac+2. Durant sa formation, il croise l’ancien coach nancéien Patrick Hesse qui lui conseille de retourner sur le terrain en passant le BEF (Brevet d'Entraîneur de Football). « Mon entraîneur à Bordeaux Francis Gillot m’avait déjà dit qu’il me verrait bien devenir éducateur. Ce n’était pas vraiment mon plan de carrière même si j’ai toujours eu cette envie de transmettre. »

Transmettre, ce mot va revenir au moins une demi-douzaine de fois dans la conversation. « J’ai toujours été curieux et à l’écoute des plus anciens, souligne l’international camerounais. Je me souviens des conseils de Romarin Billong lors de mes débuts à Nancy. C’est aujourd’hui à mon tour. Ma propre expérience est importante dans ce nouveau métier de passeur. Avec le recul, je me rends compte que j’aurais dû faire des choses différemment au cours de ma carrière. C’est ce vécu que je veux aujourd’hui transmettre aux gamins. J’ai été là aussi comme eux au centre de formation. Je sais ce qu’ils ressentent. Je sais qu’ils ont parfois envie de se rebeller mais je peux maintenant leur dire que c’est une perte de temps. »

Après avoir souvent suivi Paul Fischer avec l’équipe réserve, Landry Nguemo est depuis la saison dernière l’entraîneur de l’équipe régionale U16. « C’était une opportunité en lien avec ma vocation », précise-t-il. Ses joueurs s’entraînent avec le groupe U17 de Gaston Curbelo. « Je l’accompagne pendant les séances. En fin de semaine, il choisit son groupe puis je compose le mien avec les autres U16 et le complète avec des U15 du pôle espoir. Je suis très exigeant avec mes joueurs car je sais que le fossé avec l’étage supérieur est énorme. En début d’année, l’un de mes attaquants marquait à chaque match. Après quelques matchs avec les U17 Nationaux, il n’avait toujours pas trouvé le chemin des filets. Il faut davantage de force à ce niveau-là. »

Solidarité et humilité

Avec ce nouveau rôle d’éducateur, Landry doit aussi apprendre à transmettre. Ce qui n’est pas forcément évident. « Je me suis rendu compte que je réalisais certains gestes instinctivement. Je dois maintenant les expliquer aux gamins. Cela m’oblige à me focaliser davantage sur la technique et à en faire la démonstration. C’est peut-être plus facile de demander à un joueur de faire une transversale en lui montrant qu’il doit frapper le ballon sur le plan médian vers le bas. Je dois décortiquer ma frappe. Cela doit être une source d’inspiration pour le gamin. »

Son rôle ne se limite évidemment pas au terrain. Landry sait qu’une jeune doit déjà être bien dans sa tête pour pouvoir donner le meilleur de lui-même balle au pied. L’ancien professionnel insiste également beaucoup sur les valeurs qui ont forgé sa propre carrière. « La solidarité, l’humilité et le goût de l’effort. Ce n’est pas simple. Il est certain qu’à 16 ans, on joue pour prendre du plaisir et pas pour défendre. Pourtant, avant de pouvoir s’amuser le ballon, il faut batailler pour le gagner puis tout faire pour ne pas le perdre. »