Morgane Gaudin, une kiné en défense

De retour à l’AS Nancy-Lorraine l’été dernier, Morgane Gaudin connaît par cœur la route qui relie Strasbourg à la forêt de Haye. Kinésithérapeute dans la capitale alsacienne, elle effectuait le trajet quatre fois par semaine. « J’ai dû aménager mes horaires professionnels afin de pouvoir partir vers 16 heures et je rentre chez moi vers 22 heures. C’est un peu la course, mais j’y suis habituée. Cela fait une quinzaine d’années que je dois concilier le foot avec les études et aujourd’hui avec mon travail. Je sais gérer. Quand l’on va rentrer tard d’un déplacement le dimanche soir, je m’arrange pour poser un congé le lundi afin de bien récupérer. »

Le football occupe une grande place dans la vie de Morgane. Elle a d’ailleurs débuté dès l’âge de cinq ans avec des garçons. « Vingt-cinq ans de pratique, c’est une réelle passion, sourit-elle. On en parle avec mes patients. Certains suivent mes résultats et venaient même voir mes matchs à Vauban. Mon expérience de footballeuse peut aussi m’aider dans mon travail. Quand on a déjà subi une blessure, c’est plus facile de leur expliquer les étapes de guérison. Ça les rassure aussi. »

Après une saison à Bischheim et deux autres à Vauban Strasbourg, Morgane est donc revenue à l’AS Nancy-Lorraine. Un choix presque logique après la relégation en division d’honneur du club alsacien. « Je voulais rester en deuxième division, explique-t-elle. Le président Jean-Michel Serin m’a alors sollicité. Je connaissais déjà l’ASNL pour y avoir évolué pendant deux saisons. C’est bien de savoir où l’on met les pieds. J’avais d’autres propositions, mais j’ai été séduite par le projet nancéien. C’était aussi malgré tout plus simple au niveau de la proximité géographique. »

200 matchs de D2

Le nouvel entraîneur Maxime Vautrin est ravi. Morgane Gaudin sera l’une des cadres de son équipe. « Elle compte plus de deux cents matchs de deuxième division, annonce-t-il. Son expérience est précieuse dans la gestion des matchs et des émotions. Morgane amène aussi beaucoup de sérénité au groupe. Ses déplacements pour venir s’entraîneur prouvent qu’elle est très motivée. En plus, c’est une fille qui ne fait jamais la tronche. C’est un plaisir de pouvoir la compter dans notre effectif. »

D’autant que ses performances sportives se hissent au même niveau que ses qualités humaines. L’AS Nancy-Lorraine ne s’appuie pas sur l’une des meilleures défenses de son groupe par hasard. La charnière centrale qu’elle compose avec l’internationale camerounaise Christine Manie est l’une des plus expérimentés de deuxième division. « Cela nous permet de bien nous placer et d’anticiper, précise Morgane. On est les plus anciennes. C’est notre rôle d’encadrer les plus jeunes. Il y en a beaucoup dans notre effectif. Je n’ai d’ailleurs retrouvé que trois filles déjà présentes en 2016. »

Morgane Gaudin a également découvert une section féminine un peu plus professionnelle avec par exemple davantage d’entraînements. « C’est l’évolution du niveau de la deuxième division qui impose cela, analyse cette Alsacienne de 31 ans. Il y aussi des séances de dédicaces et de rencontre avec nos supporters. Grâce à l’effet Coupe du Monde, le football féminin est de plus en plus considéré. On le voit aussi avec la remise d’un Ballon d’Or féminin. C’est une vraie reconnaissance. »