Histoires du derby

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Articles · 10/05/2020 à 14:16
10/05/2020 • 14:16

En un peu plus d’un demi-siècle, pour les deux clubs professionnels lorrains, le derby a constitué un match à part. L’ASNL et le FC Metz y ont croisé le fer avec l’idée de conquérir prestige et dimension. Le feu et l’anecdote ont souvent pénétré le débat.

Lorsque l’AS Nancy-Lorraine est entrée dans le championnat de football professionnel, en Division 2, le FC Metz jouait en Division 1. C’est dire l’ampleur de la marge existant entre les deux emblèmes de l’élite lorraine. Dès la saison 1967-68, baptême du feu pour les joueurs de Claude Cuny, président fondateur du club au chardon, Nancy et Metz se sont retrouvés face-à-face grâce à la Coupe de France, alors même que leurs pas n’étaient pas conduits à se rencontrer, puisqu’ils évoluaient dans deux championnats différents.

Le premier derby officiel de l’histoire s’est disputé à Colmar, en huitième de finale. C’était le 10 mars 1968. Qualification messine (2-1) au terme d’une domination nancéienne soulignée de cinq occasions de but. Bobby Schneider, le premier canonnier de l’ASNL, doit s’en souvenir encore ! L’équipe de René Pleimelding avait attiré derrière elle près de 2 000 supporteurs. Le derby était déjà bouillant.
Raul Castronovo
Autrefois, les grands noms du football étaient Nantes, Marseille et surtout Saint-Etienne. Le record d’assistance au stade Marcel-Picot, qui ne sera plus jamais battu, remonte au dimanche 19 décembre 1976, avec 30 384 spectateurs entassés dans l’arène tomblainoise pour un succès mémorable de Nancy-Lorraine sur les Verts : 2-0 grâce à deux réalisations superbes de Carlos Curbelo et du regretté international luxembourgeois Gilbert Dussier.

Ce Nancy-Saint-Etienne sera à jamais inscrit parmi les hauts faits de l’ASNL. Les plus anciens en ont encore des frissons dans le dos. Et pourtant, ce sont bien les derbies qui écrivent l’épopée régionale. Les Nancy-Metz et les Metz-Nancy ne ressemblent à aucun autre duel sur le pré. Les défis d’hier, qu’ils soient ceux de Picot ou de Saint-Symphorien, étaient traversés de langues de feu. Il ne fallait surtout pas perdre contre le voisin. Et le supporteur était peut-être plus avide de victoire que le joueur rouge et blanc ou grenat.
Joël Muller et Michel Platini
Le derby, c’était le derby. Le jour où était publié le calendrier, chacun se précipitait sur la date du derby lorrain. Une semaine avant le match, les journaux régionaux, l’Est Républicain et le Républicain Lorrain, noircissaient les pages sportives d’anecdotes, d’informations de toute sorte et d’interviewes des présidents, capitaines, entraîneurs. C’était dantesque.

Nancy et Metz ont donné de grands noms au football et un certain nombre sont issus des rangs des écoles régionales. Que le football lorrain et les techniciens de la ligue de Lorraine de Football soient loués pour leur travail de détection et de formation des talents devenus, pour certains, gigantesques. Un derby Nancy-Metz avec un Platini et un Battiston, c’était géant !

Parlons aussi des Curioni, Braun, Vicq, Herbet, Lemerre, Combin, Bargas, Jeannol, Rouyer, Koné, Zavarov, Betta, Rubio, Hausknecht, Lech, Wiberg, Castronovo, sans oublier Bernard Zénier, qui fut sans doute le plus talentueux des joueurs ayant revêtu les deux maillots.

 

La suprématie a lâché du lest

Un score nul (3-3) nous revient à l’esprit. C’était à Metz au cours de la saison 1973-74, et l’on jouait pour le bonus qui récompensait d’un point supplémentaire tout club ayant réussi trois buts. L’idée était de Claude Cuny. Les équipes se sont séparées avec deux points chacune, celui du nul et celui du bonus. C’est-à-dire qu’elles avaient, l’une et l’autre, collecté la même moisson que si elles l’avaient emporté 2-0 ou 2-1. Beaucoup, parmi les observateurs médusés, ont longtemps cru que Nancéiens et Messins s’étaient gentiment chamaillés sur fond de solidarité régionale et d’entente cordiale !
Le derby lorrain en 2007/2008
Plus près de nous, sous l’ère Jacques Rousselot et du temps de Kim et Andre Luiz, d’autres derbies ont marqué les esprits, pour la bonne raison qu’un derby trouve toujours sa signification dans la quête de points. La suprématie régionale a peut-être lâché un peu de lest, toutefois l’envie d’être au rendez-vous demeure pressante.

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