Aldo Platini, une vie de football
Les Platini ont marqué l’histoire du football : Michel bien sûr, immense star internationale, mais aussi Aldo qui a consacré sa jeunesse à l’AS Jœuf avant de mettre ses qualités d’éducateur au service des espoirs de l’ASNL. Aldo Platini, qui vient, à 90 ans, de refermer le livre d’une vie de passions, laisse un grand vide au stade Marcel-Picot et en Forêt de Haye.
Au stade, chacun a son nom. Le complexe sportif de la Forêt de Haye porte celui de Michel, exemple sacré pour les jeunes footballeurs en formation, tandis que l’enceinte jovicienne conservera à jamais le souvenir d’Aldo Platini. Les Platini sont uniques et laisseront l’image d’une famille unie et dévorée par la passion gourmande du football.
« Le football m’a donné Michel », a reconnu le père en parlant du fils. Aldo adorait à la fois le ballon et l’enfant. Aujourd’hui, il reste le meilleur entraîneur qu’ait jamais eu l’ancien capitaine de l’AS Nancy-Lorraine et de l’équipe de France. C’est le triple Ballon d’Or européen en personne qui a fait ce compliment à l’adresse de celui qui l’a guidé sur les chemins de l’enfance et lui a permis d’exploiter pleinement sa science du foot.
Aldo Platini était un footballeur avisé, doué d’une riche technique au milieu du terrain. Jamais, il ne souhaita embrasser de carrière sportive professionnelle, privilégiant esprit familial et sécurité quotidienne, le tout sur fond de fidélité à la chaleur de son club de toujours, l’AS Jœuf. Contacté par les pros de Forbach (Division 2) durant les années 50, Aldo a tout misé sur la richesse du football jovicien hissé jusqu’en Division d’Honneur et sur son idéal humain orienté vers l’éducation des équipes de jeunes.
Capitaine de la sélection de Lorraine amateurs, le footballeur Aldo Platini, victime d’une blessure au genou, a connu son bâton de maréchal à Jœuf avant de suivre Michel à Nancy. Entraîneur, conseiller personnel du meneur de jeu dont le talent s’affirma au fil des saisons, pour atteindre une apogée spectaculaire à la Juve et en équipe de France, Aldo n’eut d’autres refrains que celui-ci, à glisser à l’oreille attentive de Michel. « Tu n’es pas au milieu du terrain, tu es au milieu de l’équipe », tel fut le credo de l’aîné répété à l’élève.
Michel entendit la recommandation. Elle émanait de papa. Toute sa vie durant, Michel Platini a été en admiration reconnaissante devant celui qui, avec Anna sa maman, l’a accompagné partout et toujours. Contacté par Claude Cuny, pour s’occuper des jeunes du conservatoire de football, Aldo est devenu à l’ASNL le pro qu’il n’avait jamais été auparavant. À Nancy, il a côtoyé Antoine Redin, Georges Huart, son ami de sélection régionale amateur Hervé Collot, et un coach débutant nommé Arsène Wenger. Le nom de Platini était large comme une porte cochère et tous les techniciens appréciaient l’échange avec Aldo sur un thème intarissable : le football.
Le croc-en-jambe de Séville
La victoire de l’ASNL en Coupe de France 1978, sur un but de Michel Platini, rendit fous de joie Aldo et son épouse. Les parents de Michel et Martine, inséparables dans la vie comme dans le soutien des Bleus, furent les meilleurs supporteurs de la sélection de Michel Hidalgo dont l’échec de Séville restera comme le plus douloureux croc-en-jambe fait à la beauté du sport !
Aldo Platini, retraité mais toujours attentif à la marche de l’AS Nancy-Lorraine pendant plusieurs décennies, a vu « son » club monter et descendre, changer de présidents et d’entraîneurs, sans jamais lui retirer son soutien. Comme Roger Piantoni et Hervé Collot, avec qui il ne ratait jamais un match au stade Marcel-Picot, Aldo Platini était l’ami de Jacques Rousselot.
Son empreinte demeure. Aldo s’en est allé discrètement en ayant quelque peu oublié, le grand âge venu, la plupart des résultats des équipes qu’il a construites et accompagnées de son conseil éclairé. Nous, nous le l’oublierons pas.