Ndy Assembe : La panoplie du gardien (1/2)
Même s’il pratique le même sport que ses coéquipiers, le gardien doit posséder des qualités bien différentes. Il doit maitriser toute une palette de gestes bien spécifiques. Revue de détail avec Guy-Roland Ndy Assembe.
Le plongeon
« C’est le geste qui m’a donné envie de prendre les gants. Jusqu’à 13 ans et ma deuxième année de sport-études, j’étais défenseur. Je ne jouais dans les buts que lors des matchs de rue avec mes copains. Le plongeon est peut-être le geste le plus technique, car il faut beaucoup de qualités. À bout portant, c’est de la tonicité et des réflexes. Sur une frappe plus lointaine, il faut de la coordination, de la force et de bons déplacements. Il y a ensuite plusieurs façons de se déplacer, en pas chassés ou en pas croisés, mais on peut aussi bondir directement. Il est important de connaitre toutes les techniques pour ensuite choisir selon la situation. Un plongeon, c’est beau. Je regrette que les photographes ne mettent pas plus en valeur son côté spectaculaire. C’est un geste harmonieux. Cela ne doit en revanche jamais nuire à l’efficacité. »
Les modèles : « J’aimais bien Bernard Lama et Lionel Letizi. Fabien Barthez s’envolait également facilement grâce à sa souplesse et son élasticité. Aujourd’hui, je citerai Steve Mandanda. »
Le réflexe
« C’est inné, mais on peut aussi le développer. J’ai travaillé avec des frappes masquées par des mannequins ou en fermant les yeux pour voir le ballon au dernier moment. Cela oblige à devoir réagir plus rapidement et cela accélère les réflexes. Cela demande de l’instinct, mais aussi de l’anticipation. On doit toujours prévoir l’endroit où le ballon peut arriver. Après, un coéquipier peut dévier la trajectoire. On est parti à droite, mais il faut revenir à gauche. À ce moment-là, on ne réfléchit pas. Cela vient instinctivement.»
Le modèle : « Manuel Neuer. Il a stoppé beaucoup de ballons qui arrivaient très vite et que l’on imaginait déjà au fond du but. Il possède la vitesse, la rapidité et la force pour réussir un bel arrêt réflexe. La force est utile pour dévier des tirs à bout portant. »
Le duel
« C’est un jeu entre l’attaquant et nous. Il regarde notre placement au départ de l’action puis va à un moment poser ses yeux sur le ballon. C’est là qu’il faut le surprendre, car il ne sait plus où l’on se trouve. Si on ne peut pas arriver vite sur lui, il faut rester debout au maximum et essayer de ne pas bouger. Il y a alors une part de bluff. L’attaquant fait des feintes. Le gardien peut aussi faire semblant de bouger. Après, si on gagne le duel, on peut prendre un ascendant. On se sent plus fort même si on sait qu’il y en aura d’autres. Avant les matchs, je me renseigne sur les attaquants adverses, mais sans trop étudier leur jeu. Le jour du match, ça change toujours ! »
Les modèles : « Grégory Coupet et Mickaël Landreau. Ils restaient debout au maximum. C’est dur pour l’adversaire. J’essaie parfois de me mettre à leur place. On en discute d’ailleurs avec mes attaquants. On parle de nos expériences respectives. Je peux aussi leur donner quelques tuyaux sur les gardiens adverses. On se connait tous. »
La sortie aérienne
« Il faut déjà bien apprécier la trajectoire du ballon. Ça s’apprend à l’entraînement avec la répétition des centres. C’est ensuite un geste délicat, car il y a souvent beaucoup de joueurs. Il faut s’imposer, ne pas louper le ballon puis ne pas le relâcher. Pour se faire respecter, il faut mettre de la voix. Ça tranquillise tout le monde. S’il y a quelqu’un devant, tant pis pour lui. Il ne faut jamais avoir peur. On a les mains et on va plus haut que tout le monde. On doit juger si l’on est capable de garder le ballon entre les gants. Si ce n’est pas le cas, il faut mettre le poing et s’appliquer à bien orienter le ballon pour qu’il ne retombe pas dans le champ de l’attaquant. »
Le modèle : « Tony Silva m’impressionnait. Il n’était pas super grand (1m85), mais il allait super loin avec une main. »