Le staff médical du centre de formation

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Interviews · 06/06/2022 à 08:00
06/06/2022 • 08:00

Deux kinés et un médecin assurent le suivi médical des jeunes du centre de formation.

Charles Chaffaut (kiné)

Charles Chaffaut

Comment s’organise le staff médical au centre de formation ?

Nous sommes deux kinés avec Valentin. Nous travaillons également en cabinet libéral mais passons la plus grande partie de notre temps à l’ASNL. On alterne matin et après-midi afin que l’un de nous deux soit toujours présent au centre de formation. Le mercredi, on fait une journée complète à tour de rôle. Tout cela nous permet d’avoir un bon suivi des joueurs.

 

Est-ce qu’être deux kinés permet une certaine complémentarité ?

Certainement. Nous avons des valeurs communes, puisque notre travail est toujours basé sur des preuves scientifiques, mais avons aussi chacun notre façon d’investiguer les pathologies. Valentin (Raoult) est davantage axé sur le renforcement et va proposer des exercices pour que les joueurs soient aptes dans toutes les situations. De mon côté, j’aime beaucoup faire du préventif et de la thérapie manuelle sur table afin de leur permettre d’avoir un maximum d’amplitude, de mobilité et d’adaptabilité. Notre cohésion est très importante. On travaille ensemble et cela donne de bons résultats. En cas de doute, c’est toujours le médecin qui tranche.

 

Est-ce que ce staff médical fonctionne comme une vraie équipe ?

Ce n’est pas nous contre les autres, mais avec les autres. On échange énormément. Le médecin Olivier (Javelle) m’a par exemple beaucoup aidé quand je suis arrivé car c’est très différent du milieu libéral. Son expérience m’a rassuré. La saison dernière, j’ai également dépanné chez les professionnels et beaucoup appris en travaillant avec Sylvain (Olivier). Ses conseils m’ont été précieux. Même si je travaille depuis neuf ans, j’ai encore des techniques parfois trop « scolaires » qui ne passent pas avec les pros.

 

Valentin Raoult (kiné)

Valentin Raoult

Quelles sont vos missions au centre de formation ?

Nous sommes d’abord les premiers interlocuteurs en cas de blessure. Quand un joueur du centre de formation ressent une douleur, il vient d’abord nous voir. Si nous pensons que c’est assez sérieux, nous ne prenons pas de risque et l’orientons vers le médecin pour un diagnostic. Nous assurons ensuite la gestion des blessés en cours de rééducation afin de les amener jusqu’au préparateur physique puis pour la reprise sur le terrain. Nous effectuons également tout un travail de prévention selon les blessures antérieures avec un échauffement avant les séances d’entraînement. Enfin, Charles ou moi sommes présents lors des matchs de l’équipe réserve.

 

Quels conseils pouvez-vous donner pour prévenir les blessures du footballeur ?

La plus fréquente est la lésion musculaire. Cela va de la contracture jusqu’au claquage ou à la déchirure. Il y a aussi pas mal d’entorses de cheville. En prévention, il faut toujours réaliser un bon échauffement aussi bien au niveau musculaire qu’articulaire et cardio respiratoire. Il faut également gérer la progressivité dans la charge d’entraînement, surtout après une blessure. L’hygiène de vie est aussi importante : l’alimentation, l’hydratation mais aussi le sommeil. Beaucoup d’études montrent que bien dormir permet une bonne récupération et d’éviter les blessures.

 

Quels sont les premiers soins à prodiguer en cas de douleur ?

Quand on ressent comme une petite décharge électrique dans le muscle, il faut serrer vite la zone par un bandage afin de limiter le saignement et l’œdème. On a tendance aujourd’hui à mettre ensuite plutôt du chaud afin que le muscle récupère plus vite. En revanche, quand c’est articulaire, on privilégie le froid pour calmer la douleur et éviter le gonflement. Le mieux est quand même de toujours consulter un professionnel.

 

Olivier Javelle (médecin)

Olivier Javelle

Comment s’organise votre travail au centre de formation ?

En début de saison, je reçois chaque jeune pendant environ une demi-heure pour un examen physique complet : taille, poids, mais aussi cœur, articulations ou poumons. On aborde aussi les problèmes de surentraînement et ils répondent à un questionnaire psychologique et à une enquête diététique. Je leur donne quelques conseils. Je suis ensuite présent quatre demi-journées par semaine. Comme dans un cabinet libéral, ils viennent me voir directement pour tous leurs problèmes extra-sportifs.

 

Votre rôle est forcément important, puisque ce sont des adolescents éloignés de leur famille…

Ils savent qu’en dehors de leurs blessures sportives, tout ce qui sera dit ne sortira jamais de mon cabinet. Il y a certaines choses qu’ils ne veulent pas dire à leur coach parce qu’ils ont toujours envie de paraître à 100% devant lui. Ils me confient des choses de leur vie privée ou intime qu’ils partageraient peut-être avec leurs parents. C’est une relation de confiance. J’ai suivi certains joueurs tout au long de leur parcours jusqu’à l’équipe professionnelle. Cela a été le cas de Clément Lenglet par exemple. Cela crée forcément des liens forts.

 

Est-ce différent de soigner des jeunes du centre de formation et des professionnels ?

On a toujours tendance à penser qu’un enfant ou un adolescent est un adulte en petit, mais c’est plus compliqué que cela car ils ont des pathologies différentes. Par exemple, il y a peu d’entorses chez les enfants car les cartilages de croissance sont plus fragiles que le ligament. L’objectif est aussi différent. Un joueur professionnel doit être apte le plus vite possible. Je protège davantage les jeunes avec des délais un peu plus longs. On a toujours la possibilité d’attendre vraiment que la cicatrisation soit parfaite. On prend beaucoup moins de risques.

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