El Kaoutari, l’éloge de la sérénité

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Interviews · 12/03/2021 à 08:46
12/03/2021 • 08:46

Abdelhamid El Kaoutari ne panique pas. Jamais. Le défenseur central de l’AS Nancy-Lorraine s’impose par son calme et sa lecture du jeu. Solide au duel, il soigne ses relances pour parfois servir de rampe de lancement à ses attaquants.

Sur le terrain, tu dégages beaucoup de sérénité. Est-ce que ton jeu est le reflet de ta personnalité ?

Je suis en effet quelqu’un de plutôt calme et j’essaie au maximum d’être également posé dans le jeu que ce soit en match ou à l’entraînement. Je tente d’apporter un peu de sérénité et de faire passer ces ondes positives au groupe. C’est mon tempérament. Je ne me prends pas la tête. Je fais ce qui doit être fait sans avoir de pression. Ça m’a aidé au cours de ma carrière.

 

Est-ce que des entraîneurs ou des coéquipiers t’ont encouragé à développer cette qualité ?

Vitorino Hilton m’a beaucoup appris. J’ai joué plusieurs années avec lui et il a beaucoup compté pour moi. C’est un défenseur calme, posé, avec une très bonne lecture du jeu et un remarquable sens de l’anticipation. Il m’a un peu transmis toutes ses qualités.

Abdelhamid El Kaoutari

Garder son calme est une qualité précieuse pour un défenseur central ?

Bien sûr. Cela peut devenir compliqué quand deux attaquants pressent pendant tout un match. Il est alors important de ne pas paniquer. Quand on ne peut pas jouer dans les pieds, il faut alors sauter une ligne et essayer de délivrer un ballon propre. À ce poste de défenseur central, la lecture du jeu et l’anticipation représentent 70% du travail. Les 30% restants concernent les duels.

 

Le coach compte sur ton expérience pour commander la défense…

J’ai toujours eu l’habitude de parler et d’encourager mes coéquipiers. Je suis alors à fond dans mon match et cela me donne le sentiment de servir à quelque chose et d’aider l’équipe. Cette communication est très importante. C’est par exemple de savoir s’il y a quelqu’un dans son dos. Il faut donc beaucoup se parler, même parfois pour rien. Je suis en revanche plus effacé dans le vestiaire. S’il faut taper du poing sur la table, je le ferai sans hésiter, mais suis en général plutôt en retrait à rigoler des chamailleries des autres (rires).

 

C’est compliqué de commander une défense ?

Il faut bien sentir le jeu et deviner comment vont se dérouler les offensives adverses. Est-ce que l’attaquant va mettre un ballon en profondeur ou jouer dans les pieds. Il faut alors anticiper en une fraction de seconde. Ce n’est pas tout le temps facile. C’est quelque chose d’inné qu’on possède dès le plus jeune âge sans forcément s’en rendre compte. C’est encore Hilton qui m’a permis d’en prendre conscience. Il m’a vraiment fait progresser à ce poste.

Abdelhamid El Kaoutari

Tu as toujours joué défenseur central ?

J’ai commencé gardien de but (sourire). Vu qu’il n’y avait pas de gaucher dans mon quartier et que j’allais assez vite, enfin quand j’étais jeune (rires), mon entraîneur m’a mis arrière gauche. J’ai joué à ce poste jusqu’à l’âge de 13 ans. Comme j’avais une tête de plus que les autres, j’ai été recentré dans l’axe. Cela me plaisait, car il y avait un peu moins de courses à faire (rires).

 

Tu es un peu fainéant ?

Je n’aime pas trop les efforts, mais quand il faut travailler dur, je le fais sans rechigner. Il y a quelques années, j’avais un plus gros volume de jeu. En prenant un peu d’âge, c’est devenu plus compliqué. Avec des saisons blanches ou en alternant terrain et banc de touche, j’ai perdu un peu de rythme au niveau du cardio.

 

Dans ton duel avec l’attaquant adverse, tu as plutôt besoin de force…

J’aime bien affronter des attaquants athlétiques. Je sais que je vais devoir me surpasser pour gagner les duels aériens, au sol ou en profondeur. Les petits vifs m’embêtent davantage, mais je sais aussi m’adapter. Amine (Bassi) est par exemple assez pénible avec ses petits appuis (sourire). Quel que soit l’adversaire, il est d’abord important de gagner le premier duel. C’est ce qui va définir ton match. Il faut lui faire comprendre que tu n’es pas là pour rigoler. Il est aussi important de bien négocier ses premières passes et sorties de ballon.

Abdelhamid El Kaoutari

Certains attaquants t’ont donné beaucoup de fil à retordre ?

Je me souviens de Mamadou Niang lors de mes débuts. Il était très costaud. Marouane Chamakh m’a aussi saoulé avec sa grande taille et ses déviations. Ce type de confrontation permet d’apprendre et de progresser.

 

Tu soignes également beaucoup tes relances…

J’essaie de mettre mon coéquipier dans les meilleures conditions pour contrôler ou partir directement. Cela passe si possible par des passes dans les pieds. Quand je n’ai pas trop le choix, je vise alors l’attaquant entre les lignes pour du jeu en remise. On a souvent travaillé le jeu long à Montpellier. Le défenseur central peut vraiment influer le jeu offensif de son équipe par ses passes ou ses sorties de balle. On peut ainsi avancer et essayer de faire un décalage pour pouvoir ensuite trouver les milieux ou les attaquants dans la profondeur.

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