Jeannot: L’âme d’un buteur

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Interviews · 16/08/2011 à 07:54
16/08/2011 • 07:54

Intégré au groupe pro la saison dernière, Benjamin Jeannot s’avoue obsédé par le but. C’est donc autour de son rôle de buteur que ce pur produit de l’ASNL se dévoile à la fois humble et sûr de lui.

Est-ce particulier de débuter sa carrière professionnelle dans son club de cœur ?

Je suis originaire de Dommartin-les-Toul et évolue à l’ASNL depuis la catégorie benjamin. Jouer en pro à Picot avec le maillot au chardon rouge est donc un rêve de gamin. J’avais hâte de vivre ce moment-là et c’était certainement encore plus excitant que pour un jeune qui n’est pas issu de la région. Depuis que j’ai 13 ans, je n’ai pas manqué beaucoup de match à Marcel-Picot. J’y allais avec mes potes du centre de formation. J’étais fan de Kim et de Youssouf Hadji. Il n’y a jamais vraiment eu d’attaquant avec un profil similaire au mien. On m’a souvent comparé à Basile Camerling, mais il n’a jamais beaucoup joué en pro. J’essayais de regarder ses matchs en CFA et d’écouter ses conseils.

 

Même si ce n’est jamais facile de devenir professionnel, on a l’impression que tu as vécu cette ascension assez tranquillement…

C’est vrai que je n’ai pas galéré comme certains. Grâce à mes sélections en équipe de France, le club m’a rapidement fait signer un contrat professionnel. Je n’avais que 16 ans et cela m’offrait une garantie de trois ans. Cela m’a rassuré, m’a permis d’évoluer plus libéré. Mais, cela aurait aussi pu aboutir à un relâchement. En tout cas, je sentais que les coachs attendaient plus de moi à cause de ce statut. Et j’ai quand même vécu un grand moment de doute après ma blessure l’été dernier en CFA. J’étais inquiet de devoir être absent trois mois à un an du terme de mon contrat.

On attend forcément d’un attaquant qu’il marque des buts…

C’est ce qui me passionne depuis tout petit. C’est ce qui me donne envie aussi. Quand on est attaquant, on ne peut pas être bon sans marquer. En tout cas, je ne suis jamais pleinement satisfait si je n’ai pas fait trembler les filets. J’ai vraiment l’âme d’un buteur.

 

Le sens du but, cela se travaille ou c’est inné ?

Dans mon cas, c’est vraiment inné. Quand je pense à la manière dont j’ai marqué, je me rends compte que c’est venu spontanément, instinctivement. Je vois le ballon qui passe, je sais où se trouve le but et je ne me pose pas de questions : je frappe ! Mais si je veux marquer souvent en L1, je dois davantage travailler mon adresse devant le but. 

 

Le plus difficile est d’être au bon endroit au bon moment, de choisir le geste juste ou de le réaliser ?

Le réaliser. L’essentiel est de réussir son geste pour cadrer sa frappe. Ensuite, il faut un peu de réussite pour que cela rentre. Cela veut dire que tu as une grosse marge de progression… Cela viendra avec l’expérience. J’apprends beaucoup aux côtés de joueurs comme Marama (Vahirua) ou Youss (Hadji). Je suis toujours à l’écoute de bons conseils. C’est par exemple de couper la trajectoire au premier poteau sur les centres ou d’avoir plus de vice pour mettre la pression sur l’adversaire. Je dois devenir plus malin.

 

Un buteur doit-il être égoïste ?

Oui, s’il veut enchaîner les buts. J’étais plus individuel vers 15 ans. Ensuite, je me suis rendu compte que plus on monte vers la L1, plus il faut jouer avec ses partenaires. Aujourd’hui, si un coéquipier est mieux placé, je ne vais pas hésiter à lui donner le ballon tout en sachant qu’il fera de même sur une prochaine action. Dans certains cas, il faut aussi savoir prendre ses responsabilités et tenter sa chance. C’est un peu compliqué quand on arrive dans le groupe puis on se libère progressivement.

 

Dans France Football, Grégory Pujol insistait sur le fait que le plus difficile était de savoir quand garder ou quand donner le ballon…

C’est vrai. Je suis plutôt un attaquant qui joue en déviation, mais je n’évite pas les duels à un contre un. Cela ne me dérange pas de dribbler ou d’utiliser mes capacités athlétiques pour éliminer un adversaire. Mais, en général, j’aime bien me sentir intégré au sein d’un collectif. On me reproche même de l’être un peu trop et de décrocher trop souvent pour venir demander le ballon. Je dois davantage utiliser la profondeur. Il faut aussi bien gérer ses appels pour ne pas perdre trop de lucidité. Les séances de vidéo m’ont en tout cas appris que les appels sont presque toujours utiles, car ils libèrent des espaces aux milieux offensifs.

 

Lors de tes premiers matchs de L1, il t’a toujours manqué un petit quelque chose pour faire trembler les filets…

Un peu de chance et c’est à moi de la faire basculer de mon côté. Je ne me prends pas la tête pour autant et garde confiance, car j’ai réussi à me créer des occasions. C’est le principal et cela va forcément me sourire un jour. Je dois m’adapter à la L1 et jouer plus vite. A l’entraînement, j’essaye de faire évoluer mon jeu en enchainant une ou deux touches de balle pour aller plus rapidement devant le gardien.

C’est quoi le but type de Benjamin Jeannot ?

C’est de partir à la limite du hors-jeu puis d’éliminer le gardien par un dribble. C’est une situation que j’ai vécue lors de mes premiers matchs de L1 justement, mais j’ai à chaque fois choisi le lob. C’est ce que je disais tout à l’heure sur l’instinct. Ce n’est pas le geste le plus habituel pour moi, mais c’est celui qui m’est venu naturellement.

 

Quel est le but que tu rêves de marquer en L1 ?

Un retourné acrobatique. Je n’en ai plus marqué depuis les 14 ans fédéraux.

 

Ce sera peut-être pour cette saison…

Je sais que l’on sera plus exigeant envers moi et je vais essayer de mettre en valeur tout ce que j’ai appris lors de cette deuxième partie de saison. Si des joueurs cadres quittent le club, cela sera à moi de prouver que l’on peut me faire confiance. Cela me fait d’ailleurs plaisir d’entendre le président déclarer qu’il veut miser sur les jeunes formés au club. Je sais que c’est difficile pour un attaquant débutant de gagner sa place en L1. Je dois être le plus jeune du championnat. C’est un poste qui demande beaucoup d’expérience, mais j’ai réussi à saisir ma chance et suis prêt à relever le défi.

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