Manuel Nogueira, un homme de devoir

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Articles · 18/02/2020 à 10:34
18/02/2020 • 10:34

Adjoint de Jean-Louis Garcia dans cinq clubs différents, Manuel Nogueira s’épanouit dans ce rôle de l’ombre davantage axé sur le travail de terrain.

Manuel Nogueira aurait pu être un joueur de l’AS Nancy-Lorraine. Après des débuts en poussins à Longwy et un déménagement familial à Vandoeuvre, il rejoint le club local dans l’agglomération nancéienne. « L’US Vandoeuvre était un très bon club formateur, se souvient Manu. Ça travaillait bien. J’avais quelques prédispositions pour le football et j’ai été sélectionné en équipe de Lorraine avec David Zitelli. Metz, Valenciennes, Paris, Cannes et Nancy m’ont alors contacté. On s’était pratiquement mis d’accord avec Alain Perrin, le patron du centre de formation de l’ASNL, mais je me suis finalement laissé tenter par l’AS Cannes sur les conseils de l’entraîneur de l’équipe première de Vandoeuvre, Jacky Beurrier, qui était cannois. »

Le Lorrain intègre les cadets nationaux du club azuréen puis le centre de formation l’année suivante. Recruté comme avant-centre, il est alors repositionné comme milieu défensif. « Je n’étais pas maladroit devant le but, mais je manquais de vitesse, analyse-t-il. Mon nouveau poste me convenait bien, car j’aimais bien courir et ne rechignais pas au contact. J’étais un joueur avec un peu de tempérament (sourire). »

 

Le coéquipier de Zidane

Grâce à l’arrivée de Guy Lacombe, le centre de formation de l’AS Cannes se professionnalise. En difficulté financière, le club donne sa chance à ses jeunes. Manuel Nogueira assiste à l’éclosion de Zinedine Zidane. « Il avait des gestes qui sortaient de l’ordinaire. On sentait déjà un gros potentiel. » En seulement une décennie, près d’une centaine de stagiaires signent professionnel. Manuel Nogueira en profite pour lancer une belle carrière, qui le mènera ensuite à Alès, Valence, Nice et Toulon. « Que des clubs du Sud (sourire) ! Avec ma petite taille et mes origines portugaises, on m’a pris pour un Sudiste. J’ai rarement été contacté par un club situé au-dessus de Lyon. »
Manuel Nogueira
Sa carrière atteint son apogée en 2002 avec une montée en première division avec l’OGC Nice. « Jusque-là, j’avais joué dans des clubs où l’on luttait surtout pour le maintien, reconnait Manu. Nice était un club plus ambitieux, avec davantage de passion. Il y avait Patrice Evra, Bruno Valencony, Noé Pamarot, Cédric Varrault ou l’Argentin Pablo Rodríguez. Cette montée a été un aboutissement pour ma carrière. » Manuel Nogueira brille aussi par sa régularité : 300 matchs de Ligue 2 et presque toujours comme titulaire. « C’est une fierté, mais j’en échangerai bien quelques-uns contre des matchs de Ligue 1 (sourire). »

 

  Un adjoint fidèle

En fin de contrat avec Cannes à l’âge de 36 ans, Manuel Nogueira est sollicité par Jean-Louis Garcia qui vise la montée en National avec Toulon. Il signe en janvier et remporte le titre de champion de CFA quelques mois plus tard. « Jean-Louis m’a alors demandé d’intégrer le staff. Au début de ma carrière, je ne m’imaginais pas du tout devenir coach. C’est venu au fil des années, grâce à mes différents entraîneurs, à mon envie de toujours m’investir à fond et aussi à mon poste. Un milieu défensif doit gérer l’équilibre de son équipe et essayer d’anticiper. »

Après sept saisons comme adjoint de Jean-Louis Garcia à Toulon, Angers et Lens, Manuel Nogueira endosse le rôle de n°1 dans son club formateur. L’AS Cannes vient d’être reléguée en DHR par la DNCG. Avec un groupe composé principalement de joueurs formés au club, il fait remonter les Dragons au niveau supérieur, mais pars en raison de divergences. La saison suivante au Pontet, il obtient un bon maintien en N2 malgré des moyens très limités. « Ces deux expériences m’ont permis de découvrir le rôle d’entraîneur principal, de mettre mes idées en place, de prendre des décisions et de me retrouver confronté à la presse. Si l’occasion se représente un jour, pourquoi pas. Mais, je ne suis pas un ambitieux. Je suis plutôt un homme de devoir. »
Manuel Nogueira
Quand Jean-Louis Garcia lui propose de reconstituer leur association durant l’été 2017 à Troyes, Manuel Nogueira n’hésite d’ailleurs pas un instant à retrouver un poste d’adjoint. Un rôle qui lui convient parfaitement. « On est plus proche des joueurs, un peu comme un confident, constate-t-il. C’est aussi un poste plus axé sur le travail de terrain. Je ne cherche pas la lumière. Ça me va parfaitement. » D’autant que le destin va lui permettre d’enfin concrétiser un premier rendez-vous manqué avec l’ASNL trente ans plus tôt. « C’est le premier club qui m’a fait rêver lors des années Platini. J’ai ainsi retrouvé mes trois sœurs et mon frère domiciliés en Lorraine. Je regrette cependant beaucoup de ne pas avoir pu partager cela avec mes parents, disparus depuis peu. »

 

L’exigence avant tout

Sur le banc de touche nancéien, Jean-Louis Garcia et Manuel Nogueira vivent leur neuvième saison commune. Les deux hommes se sont connus au milieu des années 80 à l’AS Cannes. « J’ai ensuite rencontré sa sœur et suis devenu son beau-frère, précise Manu. Des liens très forts nous unissent. » Le duo est aujourd’hui parfaitement rôdé. Avec le second adjoint Benoit Pedretti et le préparateur physique Cédric Blomme, Manuel Nogueira gère l’échauffement et la partie technique des entraînements. « C’est bien que les joueurs n’aient pas toujours le même interlocuteur. Cela permet de faire passer les messages d’une façon différente. C’est possible, car nous avons la même philosophie avec Jean-Louis. On a la même vision du jeu. »
Manuel Nogueira et Jean-Louis Garcia
Les séances tactiques sont en revanche toujours animées par Jean-Louis Garcia, qui a également le dernier mot dans les compositions d’équipe. « Il nous demande souvent notre avis avant de trancher, fait remarquer Manu. Notre relation a évolué au fil des années. Aujourd’hui, j’ai plus de maturité et d’expérience. Il me responsabilise davantage. On est très complémentaires. » Manuel Nogueira lui offre d’abord de la sérénité, un fidèle adjoint sur lequel il pourra toujours s’appuyer dans les moments difficiles. « Dans ces cas-là, il sait que je vais me battre avec la même envie de réussir que lui. » C’est probablement la clé de la réussite de ce duo particulièrement perfectionniste. « Jean-Louis est très exigeant avec lui-même et envers les autres. Il est très minutieux. Cela nous oblige à toujours faire le maximum et nous aide à nous dépasser. » 

 

J.-L. Garcia: « Compétent, loyal et rigoureux »

Jean-Louis Garcia : « Quand Manu a raccroché les crampons dans mon équipe à Toulon, j’étais dans la perspective d’une carrière d’entraîneur à un plus haut-niveau et voulais construire mon staff avec des gens compétents, mais aussi loyaux et fidèles. Il réunissait tous ces critères et s’est alors formé à mes côtés en partageant mes idées, ma méthodologie et ma philosophie. C’est un énorme travailleur, toujours disponible et qui entretient un très bon rapport avec les joueurs. Il apporte un tempérament différent du mien. C’est complémentaire. Quand je lui délègue une séance un lendemain de match ou une partie de l’entraînement, j’ai l’esprit tranquille. Je sais que le travail sera bien fait. Nous avons la même vision du foot et de l’organisation de l’entraînement. Nos discussions sont toujours constructives. Il est important de confronter nos idées pour pouvoir prendre les bonnes décisions. »

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