Perrin: "Canaliser l’énergie"

Avez-vous hésité avant d’accepter le poste d’entraîneur ?

Ce n’était pas vraiment une hésitation. Disons plutôt que ce n’était pas prévu comme ça. Dans mes recherches de solution, j’étais plutôt dans une proposition d’aider en devenant l’adjoint d’un membre du staff qui pouvait prendre l’intérim et la relève. Donc, une solution interne. En discutant, on s’est rendu compte que ce n’était pas forcément la meilleure solution et j’ai alors bien compris que c’était naturellement à moi d’y aller. Je me suis rendu à l’évidence et j’ai accepté la proposition.

Le terrain ne vous manquait pas ?

Non, parce que j’avais fait une croix dessus. Je n’avais pas de manque, car je n’avais pas de projet pour y revenir. J’avais tourné la page même si, maintenant, j’ai plaisir à retrouver les sensations de préparer les séances d’entraînement et d’être sur le terrain.

Si vous avez accepté cette mission, c’est que vous croyez en cette équipe…

C’est sûr ! Elle a les capacités de s’en sortir. Je ne me pose pas de questions là-dessus. On voit bien que les résultats tiennent à très peu de choses. L’équipe montre une attitude positive. Je la trouve aussi plutôt globalement en progrès. Il faut maintenant essayer d’amener un peu plus d’efficacité.

 

Comment peut-on travailler cette efficacité ?

Comme on le fera presque tous les jours de la semaine, avec un travail spécifique à la fois technique devant le but, mais aussi préparatoire pour mettre les joueurs dans de bonnes situations. Un travail collectif pour réussir à être parfois patient dans la préparation. Je trouve que nos attaques étaient marquées sous le sceau de l’impatience et de la précipitation. C’est pour cela qu’on a beaucoup de déchet dans la zone de finition. Il faut essayer de canaliser cette énergie que l’on met quelquefois au profit de plus de sécurité et davantage d’efficacité.

 

Après deux semaines d’observation où vous avez assisté à tous les entraînements, vous avez déjà une bonne idée des forces en présence…

Pour préparer un match en une semaine, c’est précieux. J’ai fait connaissance avec des joueurs que je ne connaissais pas forcément. Je les ai vus travailler. C’est important, car il ne s’agit pas de réinventer ou de créer des choses, mais de s’appuyer sur les valeurs qui existent déjà dans ce groupe.

 

Quels sont les leviers sur lesquels vous pouvez vous appuyer ?

La mentalité des joueurs est intéressante. C’est l’attitude d’un groupe, qui n’a jamais lâché et qui est resté concentré, déterminé. C’est un levier important. Il y a une bonne approche des matchs et une bonne ambiance dans le groupe. Ce sont des choses qui existent déjà et qui me permettent d’aller chercher encore plus de performance à travers davantage de précision.

Depuis vos débuts à Troyes dans les années 90, la Domino’s Ligue 2 a beaucoup changé ?

Je n’en ai pas le sentiment. C’est à peu près les mêmes caractéristiques avec des équipes qui sont bien organisées et de bonnes qualités athlétiques. En termes de valeur, toutes les équipes sont proches les unes des autres. Le jeu parait très ouvert pour tout le monde.

 

Quand on se trouve dans l’urgence de faire des résultats, est-ce que l’on peut néanmoins essayer d’imprimer son style ?

Bien sûr. J’ai des convictions que j’ai toujours véhiculées partout où je suis passé et qui sont basées sur le contrôle du match, la maitrise collective du ballon, le souci de la passe. C’est ce que j’ai appris ici de mes éducateurs Michel Chevalier, Hervé Collot ou Aldo Platini. À Nancy, on avait tous cette culture du beau jeu basé sur une bonne qualité technique. Je suis resté imprégné de cette idée et cela m’a suivi partout.

 

Après avoir coaché presque toutes les équipes du centre de formation dans les années 80 et 90, vous allez vivre votre première sur le banc de l’équipe professionnelle de l’ASNL…

Je n’y pensais pas du tout, mais… Je suis un grand sentimental. C’est pour cela que je suis là aujourd’hui. Même si je suis déjà revenu à Picot sur le banc adverse, ça me fera drôle de m’assoir sur le banc du club de mon cœur.