Journaliste honoraire, auteur d’un ouvrage consacré au 40e anniversaire de l’ASNL, Christian Portelance est un témoin de l’histoire du club. De la tribune de presse de Marcel-Picot, il donnera un avis original sur chacun des matches disputés à domicile.
C'est comme s'il fallait décrire la lente chute du haut de la falaise. L'équipe a tenté de s'agripper, des mois durant, aux racines et aux souches qu'elle sentait fermes et vivaces sous ses doigts tantôt gourds tantôt rassérénés. Et puis la dernière souche a cédé, entraînant tout le monde dans le vide.
Il y a dans cette défaite devant Bastia autant d'incompréhension que de désillusion. Comment est-il possible que l'ASNL se soit dressée sur ses ergots au point d'épater la France entière qui en avait fait la curiosité de la seconde partie du championnat de Ligue 1, avant de repartir à ses errements et à son impuissance ?
Quelque chose d'incontrôlable agitait en moi le spectre de la descente. Je craignais que les guerriers de Patrick Gabriel, vaillants depuis Noël, fussent empêchés de se maintenir pour un ou deux points. Je suis amer d'avoir vu juste. L'AS Nancy-Lorraine, minée par une première partie de compétition innommable et touchée dans sa chair par les indisponibilités de Grange, Bakar, Ayasse, descend en Ligue 2.
Elle a connu, plus de quatre décennies durant, l'épaisseur de formidables épopées et la froidure de quelques désenchantements. Elle a survécu par la ténacité et l'abnégation de ses dirigeants, la confiance et la patience de son public. Il faudra analyser les causes de l'échec, le chiffrer en termes financiers et rebâtir un projet, car nous avons besoin du football pour accompagner notre quotidien parfois morose.
Beaucoup de larmes dans les coeurs aujourd'hui, mais beaucoup de reconnaissance à l'égard du président Jacques Rousselot qui, déjà, regarde vers demain. Je ne voudrais pas cacher que j'ai aimé que le stade Marcel-Picot scandât le nom de Patrick Gabriel. Inscrire une passion dans le nom de l'ASNL, c'est se rappeler les hommes qui, de Claude Cuny à Jacques Rousselot, ont écrit l'histoire du club. Il y a un peu moins de trente ans, Gaby avait le maillot frappé du chardon sur le dos. Il est de la race des fidèles. Devant la cruelle réalité du moment, c'est quelque chose qui compte.