Hadji de A à Z

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Articles · 11/03/2015 à 07:28
11/03/2015 • 07:28

En vingt-six mots, Youssouf Hadji retrace sa carrière et en dit même un peu plus en racontant son histoire familiale ou en parlant de son immense respect pour le président Jacques Rousselot.

A comme ASNL

C’est le club de la famille puisque Mustapha, Brahim et Samir ont aussi porté le maillot de l’ASNL. C’est aussi le premier qui m’a contacté. Metz est arrivé dix jours après, mais mon choix était déjà pris. J’ai ensuite tout vécu ici : premier contrat, premier match, premier but,… On a grandi ensemble avec le club jusqu’à cette quatrième place de L1 en 2008. Je regrette d’ailleurs encore de ne pas avoir accroché la Ligue des Champions cette saison-là. C’est vraiment ici que je me sens le mieux. C’est pour cela qu’il y a eu ces retours et que l’ASNL représente aussi peut-être mon avenir. J’aimerai rendre au club tout ce qu’il m’a donné.

 

B comme Barcelone

Quand on regarde le Barça au top, on se dit que le football est vraiment facile. Il n’y a pas d’équivalent au niveau du jeu. Avec des joueurs comme Iniesta, Xavi et Messi, c’est le foot au sommet de son art. Ce club m’a vraiment fait rêver.

 

C comme cinéma

Je ne sors pas beaucoup hormis pour aller au restaurant et surtout au cinéma. J’y vais deux fois par semaine. Les salles sont d’une telle qualité aujourd’hui que l’on est vraiment plongé au cœur du film. Je me fie beaucoup au casting et en général ne me trompe jamais (sourire). J’ai aussi tourné dans des pubs au Maroc. La meilleure, c’était avec Chamakh et Kharja. Les tournages entre copains, c’est un truc de fou. On avait eu droit à un making-of. Devant la caméra, plus les prises passent, plus on est à l’aise. Sincèrement, une fois chaud, j’étais bon (rires). Si je reçois une proposition…

 

D comme Dia

Issiar, c’est la famille. Il a été mon petit frère dans le vestiaire. Il était jeune et réagissait spontanément. C’était un gamin qu’il fallait gérer. Il me fatiguait plus que le football ! Il n’écoutait pas grand monde, mais ça se passait bien avec moi. Quand le coach me convoquait, je savais que c’était à cause d’une bêtise d’Issiar. Aujourd’hui, on se parle encore quasiment tous les jours au téléphone. C’est rare de se faire un ami comme cela dans le foot. On côtoie beaucoup de joueurs, mais on reste finalement en contact avec très peu d’entre eux. Je suis aussi resté proche de Michaël Chrétien et Abdeslam Ouaddou.

E comme entraîneurs

Trois m’ont vraiment marqué. Rachid Maatar, le premier qui est venu me chercher à Creutzwald. Ensuite, Pablo (Correa) avec qui j’ai joué. Comme on évoluait au même poste, il me donnait des conseils. Cela a facilité les choses quand il est devenu entraîneur et il y a toujours eu beaucoup de respect entre nous. Enfin, Frédéric Antonetti. En un an, il a réussi à me faire progresser. Au niveau de la communication ou du professionnalisme, c’est un grand monsieur.

 

F comme famille

Archives Youssouf HadjiDans notre culture, la famille est très importante. Mon père était ouvrier et avec sept enfants à la maison, forcément ce n’était pas l’Amérique. Comme mon grand frère Mustapha a réussi, il s’est bien occupé de nous et on s’en est tous très bien sorti. Aujourd’hui, nous sommes tous mariés avec des enfants et on se voit régulièrement. C’est important pour mon équilibre. C’est aussi pour cela que je suis si bien ici à Nancy. Je veux que mes parents voient mes enfants grandir. À l’étranger ou même à Rennes, c’était plus compliqué. J’ai deux filles, Shayness et Keyla, et un fils Tayran. Il vient de rejoindre l’école de foot de l’ASNL. Je ne voulais vraiment pas le forcer et j’ai même freiné pendant deux ans, mais le foot est tellement présent dans notre famille. Il s’éclate et voudrait s’entraîner tous les soirs !

 

G comme goal

Marquer des buts, surtout à Picot, c’est terrible ! C’est bizarre, car certains soirs, je sais que je vais marquer. Cela arrive quand je suis en pleine confiance, alors j’attends juste d’avoir la bonne occasion pour la mettre au fond. Cette étiquette de buteur, c’est aussi une responsabilité. Quand le match est bloqué, on attend de nous que l’on trouve la solution et c’est nous qui sommes montrés du doigt quand l’équipe ne marque pas.

 

H comme Haye

Mes années de formation en forêt de Haye, c’était une galère (rires). Aujourd’hui, les jeunes sont chouchoutés. Nous, c’était des sièges de bus devant une unique petite télé et des douches où il fallait tirer sur des ficelles ! Malgré cela, j’en garde un souvenir exceptionnel. Le plus dur, c’était d’être éloigné de la ville. Déjà, il fallait l’autorisation du staff et pour cela être vraiment irréprochable. Alors, quand on avait la chance de pouvoir sortir, on avait l’impression de s’évader.

I comme Ifrane

La ville où je suis né au Maroc. J’avais un an quand nous sommes partis en France, mais j’ai passé toutes mes grandes vacances à Ifrane. C’était toujours piscine l’après-midi et foot en soirée car il faisait trop chaud la journée. Je ne m’ennuyais jamais. J’y suis allé l’été dernier pour les souvenirs car mes anciens copains sont tous partis dans les grandes villes. Mes parents viennent d’y acheter une maison donc je vais y retourner plus souvent.

Hadji au Maroc

 

J comme Jamel

Hadji et JamelJ’ai l’ai rencontré lors d’une cérémonie de récompenses où je représentais mon frère. On s’est ensuite revu plusieurs fois et il m’a invité au Marrakech du rire. On fait un petit match pour une association. C’était sympa de joindre l’utile à l’agréable. D’autant que Jamel est pas mal sur un terrain de foot. Dommage qu’il soit tout le temps hors-jeu (sourire). C’est quelqu’un d’humble qui fait un travail remarquable pour faire avancer les choses autant au Maroc qu’en France.

 

K comme kiné

Je dis souvent aux kinés que je vais prendre leur place. Pendant qu’ils me supportaient, Philippe (Saffroy) et Pierre (Vespignani) m’ont tout appris. Le muscle poplité ou la patte d’oie, vous savez ce que c’est ? Moi, oui (rires). On n’est pas aussi proche des kinés dans tous les clubs. Eux, c’est des crèmes. On ne les a jamais entendus se plaindre et ils sont toujours là pour nous remettre sur pied. J’ai quand même eu de la chance dans ma carrière, car j’ai surtout été embêté par des élongations. En plus, ça tombait bien, il faisait froid dehors (sourire).

Avec les kinés Philippe Saffroy et Pierre Vespignani

L comme Lions de l’Atlas

Quand je regardais mon frère jouer avec la sélection marocaine, cela me semblait inaccessible. Quelques années plus tard, je disputais la finale de la CAN. On ne peut pas s’en rendre compte, mais l’engouement pour le football est démesuré là-bas. De bons résultats de la sélection rendent les gens heureux. Ils oublient leurs problèmes, ce qui rend bien service aux politiciens. C’était une fierté de porter ce maillot et cela me fait chaud au cœur aujourd’hui de constater que les Marocains n’ont pas oublié. Mon seul regret est d’avoir manqué la qualification pour la coupe du Monde 2006. Invaincus en éliminatoires, on est éliminé à cause d’un but.

 

Mustapha HadjiM comme Mustapha

Un grand frère, un modèle, mon agent. Il m’a toujours conseillé, mais m’a laissé prendre mes responsabilités. Il a déclaré que j’aurais pu faire une meilleure carrière, mais suis déjà heureux d’avoir atteint la Ligue 1 et la sélection nationale. Quand je passe derrière lui à Nancy ou au Maroc, on me parle toujours de quelqu’un d’humble et respectueux. Ce sont les valeurs que nous ont inculquées nos parents et j’espère que je laisserai une aussi belle image. Sur le terrain, c’était un phénomène. Ballon d’or africain en 1998, il a également été élu légende du football africain par la Confédération africaine de football.

 

N comme neuf et demi

J’ai débuté comme joueur offensif de couloir, à droite ou à gauche. C’est Pablo qui m’a recentré derrière Marco Fortuné. C’est le poste qui me convient le mieux, car il faut réfléchir, sentir les coups et être malin pour se libérer du marquage.

 

O comme objectif

La montée en Ligue 1. Je veux laisser le club à la place qu’il mérite. Le scénario idéal serait de monter et de rejouer une dernière saison avec l’ASNL en Ligue 1. Je pourrais alors raccrocher les crampons.

Youssouf Hadji avant une soirée ASNL au Zenith

P comme Panenka

C’est un geste qu’il faut oser. On vise le gardien et on a l’impression qu’il ne va jamais partir. On reçoit alors une grande injection d’adrénaline ! Il faut être costaud (sourire). J’en ai beaucoup tenté et n’ai manqué que celle à Lyon en 2011. Je loupe mon tir et le ballon part à deux à l’heure. Vercoutre a ensuite la chance d’être parti du bon côté.

 

Q comme Qatar

J’ai aimé la vie avec ma famille là-bas, mais pas le football. Déjà au niveau des dirigeants de mon club, il y avait un rapport à l’argent très malsain puisqu’ils touchaient de nouvelles commissions à chaque fois qu’ils changeaient de joueurs. Ensuite, le niveau est catastrophique. C’était vraiment dur d’évoluer aux cotés de joueurs qui ne comprenaient pas. Quand je leur donnais le ballon dans la course en première intention, ils ne percutaient pas et restaient sur place. On avait l’impression que c’était moi qui avais perdu le ballon. Grâce à l’argent injecté, le championnat qatari progresse tout de même d’année en année.

R comme Rousselot

C’est le papa spirituel. Jacques Rousselot est un grand monsieur, quelqu’un d’affectif et de reconnaissant. J’ai fait des efforts pour le club et lui en a fait aussi beaucoup pour moi. Cela a créé un climat de confiance entre nous. Quand on a la chance d’avoir un président comme lui, on se doit de s’arracher sur le terrain et d’être honnête jusqu’au bout.

Hadji de retour à l'ASNL en 2014

S comme Süper Lig

Le championnat turc, c’est le contraire du Qatar. Je n’ai pas trop aimé la vie, mais j’ai pris mon pied au niveau du football. Là-bas, la grand-mère, les enfants et les petits-enfants vont au stade avec l’écharpe. J’ai retrouvé la ferveur des Marocains. Ça manque un peu dans les stades français.

 

T comme transferts

Les choix sont difficiles, avec des pressions des clubs ou de son agent. Cela peut aboutir sur de belles choses, mais cela demande parfois plusieurs années d’adaptation. C’est aussi perturbant pour les enfants. L’idéal est d’évoluer dans un club au plus haut niveau et de ne pas avoir à bouger. Cela m’aurait plu de rester toute ma carrière à Nancy, comme l’a fait Paul Fischer. Finalement, treize saisons à l’ASNL, c’est déjà pas mal. Certains changent de club chaque année.

 

Youssouf HadjiU comme UEFA

J’ai disputé l’Europa League deux fois avec Rennes et deux fois avec Nancy. C’était plus fort avec l’ASNL car on ne nous attendait pas et on a éliminé des cadors comme Schalke (3-1) ou Feyenoord (3-0). Le club prend alors une autre ampleur. Même si c’est une compétition usante pour un effectif, ce serait bien que l’ASNL puisse revivre de belles soirées européennes.

 

V comme vitesse

Quand j’ai commencé, c’était ma principale qualité. Je ne réfléchissais pas et fonçais. Ensuite, plus on avance dans sa carrière, plus on perd de la vitesse. Cela oblige à réfléchir davantage ce qui permet en général d’être meilleur. Le sprint, quand on est intelligent, ce n’est pas le plus important. Il vaut mieux bien se placer. De toue façon, ça va, j’ai la chance d’aller encore assez vite pour un vieux (sourire).

 

W comme winner

Durant notre formation, on nous a inculqué les vertus du club et notamment cette rage de réussir. Je me souviens du Nancy-Lens de 2007/2008 à Picot. Alors qu’on était mené et bousculé dans le jeu, Pascal Berenguer égalise à vingt minutes de la fin. Je cours chercher le ballon au fond des filets pour le remettre en jeu, mais un coéquipier me demande de calmer pour garder le score. Je ne peux pas l’écouter et me satisfaire d’un nul à domicile. On jouait le podium de la Ligue 1 à l’époque. Finalement, je marque le but victorieux trois minutes plus tard (sourire).

Hadji lors de la saison 2007/2008

X comme x (inconnu)

Ma reconversion est une inconnue. Aujourd’hui, je suis encore joueur et n’y pense pas sérieusement. Je veux profiter au maximum de mes dernières années. Deux clubs marocains m’ont déjà proposé des postes, mais je ne veux pas forcer les choses. Ça se fera naturellement quand je serai prêt. Vu que le courant passe bien avec les jeunes, pourquoi ne pas leur faire profiter de mon expérience.

 

Y comme Youssouf

Mes parents voulaient m’appeler Youssef, qui correspond à Joseph en référence au prophète, mais ils l’ont écrit phonétiquement. C’est devenu Youssouf (NDLR : ce qui est courant puisque Wikipédia parle d’une variante de retranscription).

Hadji à l

Z comme Zerka

Moncef aussi, c’est la famille. On est arrivé au centre de formation en même temps puis on a grandi ensemble en club et en sélection. Tout le monde disait qu’on se ressemblait, mais je ne vois vraiment pas pourquoi (rires). Je me souviens quand Pablo lui avait demandé de dépanner en attaque. J’étais content pour lui car il a toujours rêvé d’être attaquant. C’était même un sujet de plaisanterie au centre de formation.

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