Moukandjo: L’académie des neufs

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Articles · 07/03/2012 à 07:19
07/03/2012 • 07:19

Formé à la Kadji Sport Academies de Douala comme Samuel Eto’o, le numéro neuf de l’AS Nancy-Lorraine rêve à haute voix d’un destin à la Zidane ou à la Ribéry, deux joueurs révélés par Jean Fernandez.

« Mes parents ne voulaient pas que je joue au foot. Mon père est conseiller financier dans une banque et ma mère secrétaire au trésor public. Les études sont très importantes pour eux. Ma grande sœur termine d’ailleurs sa formation d’avocat et mes quatre autres frères et sœurs sont toujours à l’école. Je suis le seul à ne pas avoir suivi la voie de mes parents, qui ont toujours veillé à nous offrir la meilleure éducation possible. Cela ne veut pas dire que l’on était gâté. Mais, grandir dans une famille qui se suffit, c’est une vraie chance au Cameroun. »

Si ses parents ont finalement accepté de laisser Benjamin s’épanouir dans le sport, c’est surtout grâce à la Kadji Sport Academies. Ce centre, qui a formé de nombreux internationaux dont Samuel Eto’o, permet d’allier sport et étude grâce à des installations dignes d’un club européen avec plusieurs terrains en herbe, une piscine, un gymnase, un centre de thalasso et surtout un collège. « L’académie est située dans la banlieue de Douala et je l’ai intégré en tant qu’interne, précise Benjamin. Tous les gamins en rêvent au Cameroun. Cela a été une chance énorme pour moi, même si cela n’est jamais facile de quitter ses parents à l’âge de douze ans. C’est aussi à partir de ce moment-là que j’ai commencé à penser à une carrière professionnelle. Je savais que j’étais sur le bon chemin. »

Surclassé dès son plus jeune âge, Benjamin devient le plus jeune joueur du championnat camerounais. Il n’a que 17 ans et évolue déjà en première division. « Je voulais vivre l’instant présent avant de penser à l’Europe. C’était une étape nécessaire. Comme pour les escaliers, il ne faut pas rater une marche. Si certains surdoués réussissent très tôt à l’étranger, beaucoup d’autres échouent. Il faut donc regarder devant soi, mais pas trop loin. » Sa première saison est en tout cas plus qu’encourageante puisqu’il inscrit 12 buts en 15 matchs. Il hésite toutefois à se considérer comme un buteur et préfère se définir comme un joueur au service de l’équipe pour marquer des buts.

 

« Quand on est jeune, on ne comprend pas tout »

Après deux saisons au Cameroun, il est temps de passer à l’étape suivante. Benjamin Moukandjo signe au stade Rennais en 2007 et change complètement de vie. « On n’en a pas tenu compte, regrette-t-il. J’avais besoin de davantage de temps, car les entraînements étaient plus nombreux, plus intensifs et plus physiques. Cela a été une période difficile où j’ai dû gommer certaines mauvaises habitudes et comprendre qu’il fallait plus de rigueur, de concentration et de motivation. Cela a pris du temps, mais j’ai très bien assimilé la leçon. »

On lui demande également de délaisser le poste d’avant-centre pour devenir un joueur de couloir. Benjamin doit faire davantage d’efforts aussi bien défensifs qu’offensifs. Il n’aime pas cela, mais reconnaît que cela a été une expérience enrichissante. « Quand on est jeune, on ne comprend pas tout, admet-il avec beaucoup de maturité. Cela me permet aujourd’hui d’être polyvalent sur tous les postes de l’attaque. »

À l’époque, quand rien ne semblait fonctionner sous le maillot rennais, Benjamin Moukandjo s’est aussi mis à douter de ses qualités. « Il y avait un problème et je me posais plein de questions » avoue-t-il. Ses proches, sa famille et sa copine le soutiennent et lui remontent le moral. Son agent joue aussi un rôle déterminant. « Je connais Maxime Nana depuis six ans. C’est lui qui est venu me chercher au Cameroun. C’est un peu comme mon père. On se dit tout. Ses conseils m’ont toujours été bénéfiques. »

Une autre personne va jouer un rôle déterminant dans l’éclosion du joyau. C’est José Bray, directeur sportif de Sannois-St-Gratien en 2008/2009. Benjamin reste une saison en prêt, mais joue très peu en raison de plusieurs blessures. C’est suffisant pour que l’ancien joueur de Cannes le recommande au Nîmes Olympique. Jean-Michel Cavalli le lance alors dans le grand bain de la Ligue 2. Noël Tosi le remplace au cours de la saison suivante et positionne Benjamin au plus près du but adverse. Résultat : 6 buts en 6 matchs toutes compétitions confondues et le titre de meilleur joueur de L2 pour le mois de décembre.

 

« Prendre exemple sur Eto’o »

De quoi susciter la convoitise de clubs plus huppés comme l’AS Nancy-Lorraine qui souhaite l’enrôler en janvier 2011. Le Camerounais opte plutôt pour l’AS Monaco où évolue son ami Nicolas Nkoulou. « Je ne regrette pas ce choix puisque j’ai fait de belles rencontres comme Laurent Banide, qui m’a toujours soutenu même dans les moments où j’étais moins bien. Monaco m’a aussi permis d’intégrer les Lions indomptables et d’évoluer aux cotés de Samuel Eto’o. Si je veux devenir un grand buteur, je dois prendre exemple sur ce genre de joueur. Ses conseils peuvent m’aider. Maintenant, évoluer avec lui n’est pas une fin en soi. Dans la vie, il faut toujours avoir la volonté de viser plus haut. »

Et si Benjamin est ambitieux, il sait aussi que sa progression passe avant tout par un travail au quotidien. « Il est important de défendre les couleurs de son pays, mais c’est dans son club que l’on passe le plus de temps. Le plus important, c’est donc de progresser et d’être bon à l’ASNL. J’ai beaucoup de défauts et de petites choses à améliorer dans la vie de tous les jours. Un entraîneur expérimenté comme monsieur Fernandez, qui a notamment révélé Zidane et Ribéry, peut m’y aider. C’est pour cela que je suis venu ici.»

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