Bruno Martini, l'intello goal

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Articles · 14/03/2016 à 08:56
14/03/2016 • 08:56

Bruno Martini, gardien de but de l'équipe de France sous le maillot auxerrois, a passé deux saisons à l'AS Nancy-Lorraine, au début des années 1980, qui constituèrent le frémissement d'une carrière bien remplie. Élégant et distingué, le successeur de Jean-Michel Moutier a marqué son époque de sa grande rigueur professionnelle. Son intelligence et son sens des responsabilités en laissent, à Marcel-Picot, le souvenir d'un footballeur bien sous tous rapports.

Lorsqu'il est arrivé à Nancy, avec la bénédiction de Guy Roux, Bruno Martini était jeune et prometteur, mais parfaitement inconnu. Il avait 20 ans et des gants ne s'étant jamais frottés aux joutes du haut niveau ! Qui c'est ce Martini ?, questionnait-on dans les travées de Picot, avec une once de sereine confiance toutefois, sachant que l'AJA était un laboratoire de méthode et, plus précisément, une belle école de gardiens.

On a vite vu qui était Bruno Martini. « J'ai disputé soixante-cinq rencontres officielles avec l'ASNL, sans parler des matches de Coupe de France, témoigne le joueur. Je n'ai pas la mémoire des événements, et serais incapable de vous raconter mes meilleures prestations. Je me rappelle que j'étais venu en Lorraine pour doubler Moutier et que j'ai eu ma chance après une blessure du titulaire au tendon rotulien. J'ai entamé mon parcours en Division 1 lors d'un match à domicile contre Laval. »
L'ASNL 1983/1984
Les Rouge et blanc de l'époque, c'étaient Cartier, Casini, Germain, Jeannol, Umpierrez, Meyer, Philippe, Fabiani. Et l'entraineur s'était glissé dans la silhouette athlétique d'Hervé Collot. Bruno ne tarit pas de propos reconnaissants sur son premier coach, ainsi que sur Aldo Platini. « Deux techniciens qui m'ont choisi, fait confiance et aidé à mettre le pied à l'étrier, note le Bourguignon. Sans ce coup de pouce, je n'aurais peut-être pas accompli mon parcours professionnel. À l'ASNL, j'ai bénéficié du facteur chance qui est indispensable pour qui désire mener à bien un projet sportif personnel. »

Projet conforté par Arsène Wenger. Le jeune technicien alsacien, parvenu aujourd'hui au sommet du football européen, a aidé Bruno Martini à mûrir et à s'épanouir. Si Guy Roux a récupéré un gardien de but racé et bien construit, c'est à la fois à l'ASNL et à Wenger qu'il le doit ! « Arsène avait des idées novatrices, retient l'Auxerrois. À son contact, j'ai passé de bons moments. »

Bruno était un garçon précautionneux. Il prenait grand soin de sa condition physique et veillait à sa santé, guettant le moindre rhume comme un ennemi juré. Tandis que le discours populaire consistait à prendre, un peu vite et sans doute injustement, les gardiens de but pour des types un tantinet fêlés, Bruno Martini passait pour l'exception qui confirmait la règle. C'était l'intello du foot. « Pour être là, résumait-il, il faut des qualités athlétiques et un patrimoine génétique. »

À Auxerre, il n'a connu la joie d'aucun titre, alors que Lionel Charbonnier, qui lui succéda, fut à la fois champion de France et vainqueur de la Coupe de France ! Mais Auxerre, c'était Auxerre et c'est bien au pied des tribunes de l'abbé-Deschamps que Bruno Martini forgea sa vraie personnalité qu'il assit sur un club d'envergure européenne.

 

Adoubé par Michel Platini

L'essor de l'AJA fut celui de Martini, sélectionné en équipe de France à trente et une reprises sous les commandements successifs d'Henri Michel et Michel Platini. « C'est Platini qui m'a titularisé et m'a donné la joie de prendre part à l'Euro 92 en Suède », dit fièrement Martini. Un tel adoubement, venu de l'ancien Ballon d'or européen, ça marque son homme.
L'ASNL 1984/1985
Bruno Martini est passé tout près des 500 matches officiels, puisqu'il a bloqué le compteur à 492 participations, alors qu'il a achevé son parcours de joueur à Montpellier où il se trouve toujours, comme membre du staff technique de Louis Nicollin, autre personnage ayant, comme Guy Roux, marqué l'esprit de Martini.

Bruno Martini a endossé son premier maillot en Division 1 dès 1983, et personne parmi les supporteurs nancéiens en âge de se souvenir, n'a oublié que c'était à l'AS Nancy-Lorraine. Il y a maintenant plus de trente ans. Amitiés de toujours, cher Bruno...

Christian PORTELANCE. Journaliste honoraire, auteur de AS Nancy-Lorraine, des épopées et des hommes, paru aux éditions Alan Sutton (collection Mémoire du Football)

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