Ayasse, le grand frère

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Interviews · 09/10/2013 à 09:37
09/10/2013 • 09:37

Exemplaire tout au long de sa carrière, Thomas Ayasse essaye de transmettre son professionnalisme aux jeunes joueurs de l’effectif. Un rôle, conforté par le brassard de capitaine, qu’il prend très au sérieux.

Un an après l’avoir quitté avec Arles-Avignon, te revoilà en L2…

C’est la loi du foot, avec trois promus et trois relégués chaque saison. Je suis forcément un peu déçu comme tous les gens du club et les supporters car notre objectif à tous est d’évoluer parmi l’élite. Maintenant, cette Ligue 2 est un bon championnat qui permet de progresser car il demande beaucoup d’exigence, de travail, de rigueur et d’implication. On y prend aussi du plaisir. Comme il n’est pas évident, chaque victoire s’accompagne de beaucoup de joie.

 

Est-ce que cette relégation peut finalement être bénéfique sportivement à l’ASNL, lui permettre de vraiment démarrer un nouveau cycle ?

Il faut en effet démarrer une nouvelle aventure. Il y a eu des départs et des arrivées et nous avons un groupe assez jeune qui ne demande qu’à progresser. On sait que les équipes qui ne changent pas trop leurs effectifs sont parfaitement rodées et se trouvent les yeux fermés. Ça peut prendre un, deux ou trois ans. Mais, si on continue à travailler tous dans le même sens comme aujourd’hui, on y arrivera plus vite que prévu et on aura une belle équipe.

Ce challenge de la remontée t’a immédiatement séduit ?

Dans ma tête, c’était clair et net. Je voulais repartir en Ligue 2 avec l’ASNL parce que j’ai d’abord signé trois ans puis que je n’ai pas peur de ce championnat. J’y ai connu beaucoup de belles choses et j’aimerai les revivre avec l’ASNL. Cela induit un état d’esprit totalement différent de la saison dernière. On ne parle plus de maintien, de 42 points mais d’un objectif de montée. Cela ne nous garantit pas d’y arriver mais on doit avoir cet objectif car l’ASNL est un grand club français.

 

Encadrer un effectif rajeuni, cela te motivait ?

Certains joueurs d’expérience sont partis et il en faut pour encadrer. Nous sommes plusieurs dans le vestiaire. Ça me plait car les jeunes sont à l’écoute. C’est même beaucoup de plaisir de ressentir cette fibre un peu paternelle en leur cassant les bonbons pour qu’ils soient sérieux à l’entraînement. Au final, je n’ai rien à leur reprocher. Dans ce groupe, aussi bien dans les locaux du club qu’en dehors, tout le monde est sérieux et respectueux.

 

Ton rôle est aussi de les aider en dehors du terrain ?

Quand on est footballeur, on est exposé. Certainement dans une moindre mesure que d’autres, mais on a une ligne de conduire à tenir par respect pour le club et les supporters. À ce niveau, tout le monde adhère. J’en parle aux jeunes. Cela ne fait pas de mal non plus de faire une piqûre de rappel sur le sommeil, l’alimentation, l’hydratation,… Ce sont des détails qui ont leur importance. C’est comme cela que l’on réussit une saison.

 

Pour Rémi Walter par exemple, tu es un guide. Ce rôle de grand frère est important ?

Le but, c’est d’aller tous dans le même sens. Des joueurs comme Carl Tourenne et Sébastien Piocelle ont tenu ce rôle pour moi et me parlaient beaucoup quand j’étais à Reims puis à Arles-Avignon. Dans un groupe, il faut des joueurs qui rabâchent, disent les choses, râlent un peu sans forcément passer pour le Père Fouettard et d’autres avec un discours plus tranquille. Je dois veiller à cet équilibre, intervenir davantage si je sens beaucoup de dilettantisme et ne pas parler pour rien si tout le monde est sérieux.

 

Aider un jeune à progresser, c’est aussi s’ajouter une concurrence supplémentaire...

C’est naturel et ça ne me pose aucun problème. La concurrence n’est pas un souci. Ce qui m’importe, c’est que cela aide le collectif à atteindre ses objectifs. Après, c’est au coach de faire jouer les meilleurs. Dans le cas de Rémi (Walter), c’est en plus un super mec qui ne demande qu’à apprendre. Je parle aussi beaucoup avec Flo (Zitte). Ça fait plaisir de voir la façon dont ils nous le rendent en donnant le meilleur d’eux-mêmes sur le terrain.

Il faut beaucoup de maturité pour aider les autres sans perdre sa propre concentration, pour que cela ne rejaillisse pas négativement au final ?

Cela demande beaucoup de réflexion car il faut bien se connaître, être posé, trouver les mots et les moments pour les dire. Il ne faut pas prendre ce rôle à la légère et trouver le juste milieu pour que cela ne perturbe ni les autres ni soi-même. Je le fais naturellement et ne veux surtout pas me forcer. Je ne suis pas non plus accroché à ce rôle. Si quelqu’un prend le relais, je le laisserai faire sans problème.

 

Avoir le brassard, c’est aussi une pression supplémentaire, dans le sens où tu dois être toujours exemplaire ?

Je m’y emploie depuis le début de ma carrière. C’est une question de respect vis-à-vis de son contrat. Si on perçoit un salaire à la fin du mois, c’est pour être sérieux à l’entraînement et en dehors, donner le maximum, faire un peu de musculation, être attentif à son corps et à ses besoins. Le brassard ne change rien pour moi à ce niveau-là. D’ailleurs, si le coach me l’a donné, c’est peut-être aussi en partie parce qu’il voyait que j’étais dans cet état d’esprit.

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