Gabriel: "L’exigence est permanente"

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Interviews · 24/07/2013 à 09:31
24/07/2013 • 09:31

Devenu entraîneur des professionnels sans jamais le demander, ce formateur découvre une nouvelle facette de son métier.

Vous avez accepté de diriger l’ASNL pour aider le club suite à la démission de Jean Fernandez. Entraîner une équipe professionnelle ne vous avait jamais effleuré l’esprit ?

Davantage il y a quelques années. Depuis quatre ou cinq ans, je m’occupais du recrutement. J’étais un peu sorti du circuit classique où quand une équipe est en difficulté, l’entraîneur du centre de formation peut prendre la suite. Ça s’est passé à Sochaux et ailleurs. Compte tenu de mon éloignement du terrain, c’était plus aléatoire.

 

Si vous avez passé votre diplôme pour entraîner une équipe professionnelle, c’est quand même avec une idée derrière la tête ?

Pas forcément. J’ai surtout passé le DEPF pour voir les différences entre le formateur et l’entraîneur professionnel. Ce qui m’intéressait, c’était surtout de m’enrichir. Je n’avais pas d’ambition particulière. Obtenir mon diplôme a été une satisfaction, car il y avait quand plusieurs entraîneurs illustres dans ma promotion : Didier Deschamps, Rudi Garcia ou Alain Casanova. Ensuite, il y a eu des périodes à Nancy ou à Louhans où il y avait peut-être des possibilités pour que je prenne l’équipe première, mais je n’ai jamais été comploteur ni même demandeur pour obtenir le poste.

 

Après ces quelques mois sur le banc de touche, vous vous rendez compte que vous seriez passé à côté de quelque chose ?

Forcément, car entraîner en Ligue 1, c’est atteindre le plus haut niveau. Chaque entraîneur ambitionne d’aller le plus loin possible. Mes expériences précédentes ont également été très intéressantes. Comme j’ai eu la chance de faire toute ma carrière dans des clubs professionnels, j’ai côtoyé ce très haut niveau de très près et ne pas pouvoir y toucher en tant que responsable pouvait représenter un petit manque. Mais, je n’avais aucune amertume ou regret.

 

Est-ce que le mental entre dans une part importante du résultat ?

Je pense. Des joueurs de ce niveau ont besoin de confiance. Il y a un truc qui n’a pas marché lors de la première partie de saison et ils l’avaient perdu. Quand je suis arrivé, j’ai essayé de les libérer afin qu’ils prennent conscience de leurs moyens. Cela s’est réalisé au-delà de nos espérances. Notre chance a été d’arriver à casser cette spirale négative. Mais, c’est un métier exigeant et c’est sur la durée qu’on jugera.

 

C’est aussi un métier très médiatisé…

En Ligue 1, cela peut même prendre beaucoup de temps. C’est un environnement difficile à gérer, davantage que les joueurs ou le terrain. Je comprends la langue de bois de certains entraîneurs. Les questions cherchent souvent à créer la polémique. Il faut être prudent. J’essaie de rester le plus naturel possible, d’expliquer les choses comme je les ressens. C’est ma vérité du moment avec mes arguments. C’est aussi parce que contrairement aux dix-neuf autres entraîneurs de Ligue 1, je savais que je ne serai pas viré et toujours au club la saison suivante. C’est un vrai atout de ne pas avoir trop de pression.

Ce qui ne vous empêche pas de travailler presque 24h/24…

La grande différence par rapport à la formation, c’est qu’il n’y a aucun temps mort. L’exigence est permanente. La préparation du prochain match est permanente. Le plus difficile est d’avoir un peu de recul sur les évènements pour prendre les meilleures décisions. Comme je suis concentré au maximum pour trouver les solutions qui feront avancer l’équipe, je suis moins ouvert sur l’extérieur. Je ne lis plus beaucoup les journaux hormis les pages foot et j’ai un peu lâché les informations générales.

 

Est-ce que ce nouveau statut a également changé le regard des autres ?

Il y a trois mois, presque personne ne me connaissait. Je n’étais qu’un pion de l’ASNL. Aujourd’hui, les gens me regardent différemment. J’essaie de rester le plus disponible possible même si ce n’est pas toujours facile. Je ne suis pas un lapin de trois jours non plus. Je connais le foot et sais que tout cela reste très aléatoire. Il suffit de trois défaites pour que les regards changent. Ma philosophie est de rester très pondéré aussi bien dans la défaite que dans la victoire. Il ne faut pas s’enflammer ou s’enterrer trop vite, mais trouver un juste milieu.

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