Philippe Schuth, Le terrible arrêt

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Articles · 16/02/2012 à 12:16
16/02/2012 • 12:16

Dix ans après sa disparition, asnl.net publie le chapitre que le journaliste Christian Portelance lui a consacré dans son livre "Des épopées et des hommes". Extraits et texte intégral à télécharger.

Après avoir aligné les sélections de Lorraine, minimes et cadets, Philippe atteignit le très honorable niveau des espoirs français, en compagnie de Blanc et Cantona. Son parcours professionnel s’est trouvé jalonné de nombreuses haltes dans les clubs de l’Hexagone. « Sa valise était toujours prête », s’amuse Lucile, sa maman. Tandis que sa carrière touchait à son terme mais alors qu’il avait tout juste 35 ans, l’enfant unique du foyer merlebachois bascula dans le vide. Et sa famille plongea dans l’horreur.  

L’hiver avait engourdi la Lorraine. L’est du pays connaît bien la dureté du climat qui déshabille les arbres et enveloppe les gens de douillettes épaisseurs. Il pleuvait ce soir-là et la visibilité était mauvaise sur l’autoroute A31 où la Corvette de Philippe Schuth venait de quitter Nancy. Direction Merlebach. L’entraînement s’était, comme généralement, déroulé au cours de la matinée et les joueurs disposaient de leur après-midi.   

Dès qu’il avait un moment, Philippe aimait faire la petite centaine de kilomètres qui le séparait de Merlebach et rendre visite à ses parents. A hauteur de Custines, dans une ligne à peu près droite, la voiture lâcha sa trajectoire et percuta la barrière de sécurité. Le gardien de l’ASNL fut touché à la tête. Diagnostic : sévère traumatisme crânien.  

C’était le 19 février 2002. A son retour du magasin de sport qu’il tenait à Merlebach (jusqu’à l’heure de la retraite qui a sonné depuis), Johnny reçut un appel téléphonique du service des urgences de Nancy. « J’ai immédiatement eu très peur, dit-il. Et l’annonce qui allait m’être faite ne fit que confirmer mes craintes.» A l’hôpital, le père et la mère de Philippe comprirent d’emblée, quoique le corps du blessé ne fût pas abîmé, que tout espoir était vain.

« Je suis venu à l’ASNL pour y poursuivre mon métier, et je serai le numéro deux, derrière Bertrand Laquait », répétait souvent Philippe Schuth qui fit tout, pourtant, pour, à peine arrivé en Forêt de Haye, ravir sa place au titulaire. Ce que décida finalement Francis Smerecki. « Je vais jouer ce soir contre Laval », téléphona un jour Philippe à son père. Il ne quitta plus les buts nancéiens, sa sérénité ayant contribué à rassurer une formation déséquilibrée. Philippe Schuth visita les deux clubs lorrains. « Il se trouva mieux à Nancy qu’à Metz », apprécie Johnny qui n’eut pas, personnellement, à s’enthousiasmer lui non plus de façon significative lors de son passage chez les Messins.


Philippe ne venait toujours qu’en coup de vent à Merlebach. Johnny aurait eu envie d’évoquer avec lui son avenir, puisqu’il était clair que celui-ci se situerait en dehors du football. Le gardien nancéien n’avait pas envie de devenir entraîneur. « Je n’ai pas jamais eu le temps de parler à mon fils du métier commercial qui aurait pu être le sien », souffle Johnny qui serre contre son cœur le cœur de son épouse pour verser ensemble les larmes qui les soulagent. Ils considèrent en paix, chaque matin et jusqu’au soir, la distance qui les sépare de l’être qui leur a été ravi. Philippe ne leur a laissé ni belle-fille, ni petit-fils. Seulement quelques images d’un amour déchiré.

Télécharger le chapitre en intégralité (format pdf)

"AS Nancy-Lorraine, des épopées et des hommes" par Christian Portelance est paru aux édition Alan Sutton. Il est toujours disponible au prix de 22€.

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