David Zitelli, le pur-sang

La voix coule doucement, comme le filet d'une eau de source. En elle se découvre la gentillesse de David Zitelli. À l'ASNL, on l'aimait beaucoup, David Zitelli. C'était un attaquant racé mais aussi un garçon élégant. Il avait vu le jour à Longwy et ne serait peut-être jamais descendu jusqu'à Nancy s'il n'avait caressé deux projets en même temps : suivre ses études et apprendre le métier de footballeur. Zitelli, c'était l'ASNL des années 80, avec ses hauts et ses bas, ses galères financières et, malgré tout, sa joie de vivre. « J'ai toujours considéré que le football proposait une agréable façon d'être, témoigne David Zitelli. Le foot, c'était quelque chose. Aujourd'hui, ce n'est plus pareil: les joueurs n'ont plus l'amour du maillot. L'esprit club a disparu. »

C'est un appel du pied d'Aldo Platini qui a décidé de tout. Le recruteur avisé de Nancy avait l'œil et le sien s'était très tôt posé sur la rapidité de course et la force de frappe du jeune Longovicien habile à montrer son savoir-faire dans l'opération Guérin qui, à l'époque, constituait le tamis à travers lequel tous les jeunes talents de France et de Navarre étaient invités à se faufiler. « J'ai voulu venir à l'ASNL alors que j'avais un certain nombre de propositions dont celles de Metz et de Sochaux, se rappelle l'attaquant lorrain. J'ai opté pour Nancy parce que c'était le club de Michel Platini, mais aussi parce qu'au lycée Georges De La Tour, j'aurais la possibilité de suivre les cours qu'il n'était pas question de laisser de côté. »

Les Stephen, Zappia, Martin, Gava, Deplanche, Zavarov, Tarasiewicz, Micciche, Rabesandratana vous en diraient sur David! Ils vous parleraient de sa fougue de pur-sang et sans doute aussi de son esprit parfois un peu « absent » au risque de laisser partir l'adversaire dans un contre tranchant. David Zitelli a marqué des buts par dizaines. C'était un joueur convoité par les clubs en raison de sa passion de l'engagement et de sa loyauté.

Des entraîneurs nommés Wenger et Jacquet

« J'ai mis des buts, beaucoup de buts, c'est ce que j'aime retenir de ma carrière », souligne Zitelli qui a bourlingué dans tout l'Est de la France, signant au FC Metz puis à Strasbourg avant de se réfugier dans l'exil sympa et de porter les tuniques de Karslruhe et Hibernians. « J'ai disputé la Coupe d'Europe avec le Racing Strasbourg et j'ai marqué deux buts contre Liverpool, savoure David Zitelli. Ils sont inscrits dans mes souvenirs pour toute ma vie! »

C'est  Arsène Wenger qui lui a donné sa chance. Titulaire dans l'équipe de France minimes, David Zitelli avait fait ses classes à l'ASNL sous la houlette de Jean-Claude Cloët puis Alain Perrin, avant de se voir offrir sa chance chez les pros. « On était en Division 1 et j'ai dû jouer quatorze matches cette saison-là, fouille David. Si j'ai eu, pendant ma carrière, la chance de travailler sous les ordres de grands techniciens comme Arsène Wenger puis Aimé Jacquet, je voudrais dire combien j'ai reçu de conseils éclairés de la part de Jean-Claude Cloët, sans oublier Robert Dewilder et, au FC Metz, quelqu'un comme Joël Muller. »

Après 300 matches et près de 200 buts officiels au plus haut niveau, David Zitelli n'a pas tourné le dos au football quoiqu'il accompagne ses fils au basket puisque ceux-ci ont une licence au SLUC Nancy. « Je suis entraîneur assistant à Amnéville, dit-il. Je fais régulièrement la route depuis Nancy où je vis. Je pourrais diriger une équipe évoluant en National avec mon DEF, mais pour l'instant, je me sens très bien dans le personnage qui est le mien. » David Zitelli a son nom, comme des centaines d'autres, dans l'histoire de l'AS Nancy-Lorraine.

Christian PORTELANCE
Journaliste, auteur du livre publié aux éditions Alan Sutton, collection Mémoire du Football : AS Nancy-Lorraine, des épopées et des hommes.