André Luiz : "On rêve tous d'Europe"

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Interviews · 23/12/2008 à 10:26
23/12/2008 • 10:26

Dans les rues de São Paulo ou sur les plages de Rio de Janeiro, il y a toujours un ballon qui file d’un but à l’autre. Tous rêvent de partir un jour tenter leur chance en Europe et peut-être d’imiter le nancéien André Luiz.

Des quatre sud-américains arrivés durant l’été 2005, tu es le seul à encore évoluer sous le maillot de l’ASNL. Est-ce que tu pensais rester aussi longtemps à Nancy ?

Bien sur. Mon objectif est de rester le plus longtemps possible à l’ASNL. Je ne connaissais pas le club avant de venir. Je savais juste qu’il y avait des personnes très sérieuses ici. Nancy n’était alors pas très connue au Brésil. Cela a changé depuis.

 

Parce qu’il y a des joueurs brésiliens dans l’effectif ?

Non, c’est grâce au groupe et à ses résultats depuis plusieurs saisons. Nous avons terminé quatrième du championnat, gagné une coupe de la Ligue et participons pour la deuxième fois à la coupe de l’UEFA. Au Brésil, tout le monde connaît l’équipe de Nancy maintenant. C’est important pour le club, car cela peut l’aider à recruter des joueurs là-bas.

 

Est-ce parfois douloureux de voir tous les meilleurs joueurs brésiliens quitter le championnat national ?

Je ne raisonne pas comme cela et me dis que ces départs permettent aussi de promouvoir de jeunes talents. Le niveau ne baisse pas. À trois journées de la fin, quatre équipes pouvaient encore prétendre au titre de champion. C’est un championnat très intéressant. J’espère que les clubs vont aussi profiter de la coupe du Monde 2014 pour mieux s’organiser et prendre modèle sur ce qui se fait en Europe.

Face aux attaquants téphanois

Parmi ceux qui tentent leur chance en Europe, il y a plus d’échecs que de réussite. Cela ne t’a pas effrayé au moment de franchir l’atlantique ?

Je n’avais pas peur, car c’était un rêve pour moi de jouer en Europe. Dès qu’une opportunité s’est présentée, je l’ai saisie sans réfléchir une seule seconde. Neuf joueurs brésiliens sur dix rêvent d’évoluer en Europe.

 

C’est d’abord une question financière ?

Au Brésil, un footballeur professionnel gagne bien sa vie, mais pas autant qu’en Europe où il peut espérer multiplier son salaire par au moins trois. C’est aussi beaucoup plus rassurant, car les clubs brésiliens ont parfois des problèmes économiques et ne peuvent pas forcément payer leurs joueurs tous les mois. Il y a ensuite une question de prestige. Pour être convoqué dans la Seleção, c’est mieux d’évoluer dans un club européen. Notre sélection nationale ne doit compter que quatre joueurs du championnat brésilien. Pour se faire remarquer, c’est donc mieux de quitter le pays.

 

Est-ce que le football de rue est toujours aussi important au Brésil ou est-il, comme en France, en déclin ?

Dans tous les quartiers, on voit toujours des petits tournois avec des enfants, mais aussi des gens plus âgés. C’est une bonne école du foot, car cela apprend aussi à aimer la gagne. Il n’y a pas d’arbitre et souvent de petites bagarres, car tous veulent justement la victoire. De grands joueurs ont débuté en jouant dans la rue. Les clubs envoient des émissaires chargés de repérer les meilleurs et de les inviter à effectuer un essai.

 

Duel aérienCe football de rue peut expliquer les qualités techniques des Brésiliens ?

Les terrains ne sont pas souvent tr ès bons et obligent en effet les joueurs à être très forts techniquement pour pouvoir réussir de bons contrôles et de bonnes passes. Quand on est petit, on commence aussi normalement par le football en salle. Les espaces réduits favorisent aussi la technique. Mais, tous les Brésiliens ne sont pas des footballeurs techniques. C’est un peu un cliché. Cris est par exemple un très bon défenseur, mais ce n’est pas un très grand technicien (sourire). C’est vrai qu’il y a des joueurs très habiles avec le ballon, mais en France aussi. Ce sont surtout les joueurs offensifs, et encore pas tous.

 

Quelles sont les principales difficultés que rencontrent les Brésiliens quand ils arrivent en Europe ?

Ils doivent s’adapter à un système et un style de jeu complètement différent. Au Brésil, les équipes évoluent en 4-4-2 mais avec deux milieux offensifs dans l’axe et pas sur les côtés comme en France. C’est pour cela que les latéraux Brésiliens sont beaucoup plus offensifs. Adailton, Helder Cicinho ou Maicon évoluent presque comme des attaquants. Le pressing est aussi beaucoup moins important au Brésil, où le joueur peut jouer plus tranquillement. Il y a aussi moins de contacts. Pour toutes ces raisons, je pense que l’adaptation est encore plus difficile pour un défenseur.

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