De Pleimelding à Correa

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Articles · 06/01/2017 à 10:52
06/01/2017 • 10:52

L'AS Nancy-Lorraine, qui fêtera l'année prochaine le cinquantenaire de son appartenance au football professionnel français, a connu quinze entraîneurs. Coup d'œil nostalgique sur le passé pour y retrouver ou, le cas échéant, y découvrir quelques figures emblématiques ou relativement anodines.

Michel Platini avait coutume de dire: « Ce sont les joueurs qui ont la clé des matches ». Le génial joueur nancéien des années 70 montrait ainsi sa foi en l'art et l'intelligence du jeu plutôt qu'en la magie des mots et des discours. Mais alors, l'entraîneur ? L'ancien capitaine de l'ASNL et de l'équipe de France, loin d'en nier les impacts stratégiques sur le résultat, assurait que le coach était un penseur mais qu'il pesait rarement sur l'issue d'un match.

Pourtant, il assurait aussi dans un grand élan de tendresse familiale: « Mon père a été mon meilleur entraîneur. » Bel hommage, quand on se rappelle que Michel a joué sous les ordres de Trappatoni, Herbin et Hidalgo ! Sans oublier Antoine Redin dont il salue aujourd'hui encore le sérieux et la loyauté.
Aldo Platini et Arsène Wenger
Antoine Redin a été le premier coach professionnel de l'ancien gamin de Jœuf. Il demeure, quatre décennies plus tard et tandis qu'il repose aujourd'hui en Corse, l'entraîneur historique de l'AS Nancy-Lorraine que Claude Cuny admirait comme Jacques Rousselot apprécie aujourd'hui Pablo Correa. Cuny-Redin et Rousselot-Correa, voici deux images de respectueuses et réciproques amitiés sportives et humaines. Et voici deux emblèmes de fidélité mutuelle, cette valeur sur laquelle est assise l'AS Nancy-Lorraine depuis un demi-siècle.

 

Pleimelding au commencement

Un homme est au commencement de l'histoire, et c'est un ancien du FC Nancy: René Pleimelding. Le premier match de Nancy, admis dans le championnat de France de Seconde division, a lieu le samedi 19 août 1967 à Béziers et se solde par une défaite sans appel: 0-4. « Ploum » est assis sur le banc du manager et son fils Gérard évolue à l'aile droite. René Pleimelding fera trois saisons à la tête de l'effectif avant de passer le témoin à Antoine Redin pour célébrer les débuts des Rouge et blanc en première division. 


L'ASNL a terminé deuxième derrière l'OGC Nice et signe ainsi l'exploit de l'accession que le président Cuny avait annoncé en créant l'ASNL. Antoine Redin, libero puis entraîneur, a tout donné au club de son cœur: application, sérieux, disponibilité. Il faut avoir côtoyé ce footballeur de devoir et de rigueur pour apprécier, avec recul, son amour voué au club frappé du chardon.
Antoine Redin
Antoine Redin a gagné la Coupe de France en 1978 à la tête du lycée Papillon animé par Michel Platini, Olivier Rouyer, Carlos Curbelo, Philippe Jeannol, Jean-Michel Moutier, Fathi Chebel, Jacky Perdrieau. Mais il a vécu aussi la désillusion de la descente en D2 avant de partir rééditer le bonheur d'un succès en Coupe de France avec Bastia en 1981.

Pablo Correa n'a pas, jusqu'ici, gravé la Coupe de France au palmarès de son enthousiasme et de sa générosité, mais la Coupe de la Ligue lui appartient: Stade de France, 22 avril 2006. Victoire sur l'OGC Nice. Les Aiglons sont destinés à l'échec face aux Lorrains, qu'ils soient de Redin ou de Correa ! Nous, on veut bien que cela dure longtemps encore !

 

L'ivresse de St-Denis

Le président Jacques Rousselot est un fan de Pablo. L'un pilote le binôme, l'autre en trace la trajectoire technique. Les Diakhaté, Puygrenier, Kim, Zerka, Sorin, Berenguer, Chrétien, Gavanon qui ont vécu l'ivresse de Saint-Denis savent bien quelle part du mérite revient à ce duo de choc...
Pablo Correa face au PSG
Atteint par un soupçon de lassitude peut-être, Pablo a lâché et s'est éloigné, mais pour mieux revenir et rebondir, après une escapade du côté d'Evian-Thonon-Gaillard. Résurrection de l'entraîneur sur fond d'amitié intacte avec Jacques Rousselot. Et voici l'ASNL du coach franco-uruguayen à nouveau en Ligue 1. Pablo aussi, c'est un socle. Un Sud-Américain débarqué de Montevideo pour écrire à Marcel-Picot quelques-unes des belles pages d'histoire nancéienne en ballon.

Le nom d'Hervé Collot est, pour toujours, associé à celui de Cité de Stanislas. Le Vosgien a porté le maillot du FC Nancy avec il a disputé et perdu deux finales de Coupe de France (1953 et 1962) et entraîné l'ASNL entre 1982 et 1984, faisant ainsi valoir un titre de major des entraîneurs français, honneur suprême salué par Georges Boulogne en personne.

 

Wenger et Jacquet, prestige haut niveau

Hervé, l'enfant du Val d'Ajol, demeure comme Roger Piantoni, le merveilleux gaucher international, l'ami de l'AS Nancy-Lorraine dont il a été longtemps le président de la section amateur et dont il ne manque pas, l'âge venu, un seul match à Picot ! En laissant le poste technique après de très honorables saisons en première division, Collot a mis Arsène Wenger sur les rails.

Quand il est monté de Cannes, où il se trouvait avec Jean-Marc Guillou, Arsène n'était pas encore Wenger. Le blond Alsacien parfaitement inconnu, dirigea trois saisons (Martini, Picot, Arribart, Cartier, Jacques), ne put empêcher l'ASNL de disparaître de l'élite et s'en alla chercher le titre national à Monaco. Aujourd'hui, Arsène est devenu Wenger, l'immense star-manager d'Arsenal.

Bravo ! Arsène, merci d'être passé chez nous. C'est aussi la marque de reconnaissance infinie qu'on réservera à Aimé Jacquet, champion du monde 1998, grand technicien de football ayant mûri à Bordeaux après avoir porté le maillot des Verts. Aimé, sollicité par les dirigeants nommés Platini et Moutier, n'a fait qu'un an à l'ASNL (sous l'ère Zavarov). Mais quelle fierté, à l'aube du cinquantième anniversaire! Monsieur Jacquet, vous venez quand vous voulez à Picot !
Jean-Michel Moutier et Aimé Jacquet
L'inventeur de Tony Vairelles, Olivier Rouyer, a laissé la trace de la fidélité en Forêt de Haye. La Rouye, c'est un autre maillon de l'épopée, footballeur de grande dimension, attachant et jovial, qui a précédé Laszlo Bolöni. Le Roumain, garçon plus rigide mais rigoureux, a façonné l'ouvrage nancéien. Il en a partagé allégresses et déceptions. Dans sa carrière, l'international de Steaua Bucarest, a vu du pays et des trophées. Il est parmi ceux qui possèdent leur effigie à Tomblaine.

D'autres coaches se sont assis sur le banc de touche de Marcel-Picot: Dewilder, Smerecki, Bezaz, Huart, Husson, Fernandez. Nous leur adressons un salut nostalgique. Avec, si vous le voulez bien, un brin de reconnaissance affectueuse pour Patrick Gabriel.

 

Christian PORTELANCE, journaliste honoraire, auteur de l'ouvrage AS Nancy-Lorraine, des épopées et des hommes, éditions Alan Sutton (collection Mémoire du Football).

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