Le docteur sport

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Articles · 10/10/2011 à 10:11
10/10/2011 • 10:11

Spécialisé dans la médecine du sport, Frédéric Muel soigne les joueurs professionnels de l’ASNL depuis presque deux ans. Son expérience avec d’autres sportifs lui est précieuse.

« Comme les sportifs sollicitent leur corps de manière plus aboutie que le commun des mortels, ils ne souffrent pas des mêmes blessures. Il faut établir un diagnostic le plus précis possible et rechercher le délai de guérison le plus court » indique Frédéric Muel, médecin de l’équipe professionnelle depuis presque deux ans. C’est la raison pour laquelle la médecine du sport est une spécialité à part entière, validée par un diplôme universitaire, qui approfondit certains domaines (traumatologie, chirurgie) et présente le milieu médico-sportif. « Beaucoup suivent cette formation en complément de leurs études de médecine générale, mais peu l’exercent à temps complet ».

C’est pourtant le cas de Frédéric, qui ne reçoit désormais quasiment que des sportifs dans son cabinet situé avenue du XXe Corps à Nancy. On y croise des basketteurs du SLUC, des handballeurs du Grand Nancy ASPTT, des coureurs à pied, des nageurs,… « Quelle que soit la discipline, on retrouve toujours les grandes lignes, explique-t-il. Ensuite, cela diffère surtout selon la surface de jeu, car il est différent de pratiquer un sport sur pelouse ou en gymnase. »

Et entre une pelouse naturelle et artificielle ? « Je n’ai remarqué aucune différence cette saison avec la nouvelle pelouse de Picot. C’est un faux débat. Et que l’on ne me parle pas des problèmes d’alternance entre les deux types de pelouses, car Jo-Wilfried Tsonga joue indifféremment sur du gazon, du bitume ou de la terre battue sans que cela ne pose le moindre problème. »
 

Minimiser les risques

Présent dans la salle de soins attenante au vestiaire de la forêt de Haye après chaque entraînement, Frédéric Muel ausculte les blessés, discute avec les kinés et fait le point avec l'entraîneur. « Il est important d’avoir cette relation de confiance avec le coach et de lui proposer un discours clair sur les dates de reprise. Lorsqu’un joueur reprend avec le groupe, le risque de rechute doit être quasiment nul. Mais ce n’est pas une science exacte et il faut s’appuyer sur son expérience pour déterminer le bon moment. C’est grâce à la répétition des connaissances de certaines blessures que l’on peut être le plus efficace. Mes dix années de pratique me sont alors précieuses même s’il subsiste toujours des subtilités ou de nouveaux traitements qui obligent à se remettre sans cesse en questions. »

Le médecin d’un club de L1 doit cependant toujours garder à l’esprit qu’un arrêt de deux semaines aura des répercussions bien différentes pour un sportif amateur et un footballeur professionnel. Ces derniers bénéficient d’ailleurs très souvent de délais de guérison un peu plus courts, car ils sont suivis quotidiennement par tout un staff médical et profitent de davantage de temps de récupération. Ce qui n’est pas le cas d’un footballeur du dimanche qui doit aller travailler malgré une cheville douloureuse.

 

Ni spectateur, ni supporter

Ancien sportif (triathlon, water-polo et natation), Frédéric Muel n’était pas spécialement passionné par le ballon rond mais s’y intéresse plus aujourd’hui. « Cela fait partie de mon métier, explique-t-il. J’ai découvert un monde vraiment à part, qui dépasse même le cadre du sport et s’apparente davantage à un phénomène social. » Il est aussi passé de l’ambiance feutrée d’un cabinet médical aux projecteurs des stades de Ligue 1. « Vivre la rencontre depuis le banc de touche n’est pas forcément excitant. Pendant un match, je ne suis ni un spectateur ni un supporter mais d’abord un observateur. Je ne regarde pas le même match. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas qui gagne ou perd le ballon mais plutôt le type de contact qui va me permettre de mieux anticiper un diagnostic. Car, c’est parfois compliqué de prendre une décision rapide dans le feu de l’action. D’autant plus que le joueur insiste souvent pour continuer la partie et minimise sa douleur. » C’est là que son passé de sportif ne doit pas interférer dans sa décision. Il avoue d’ailleurs que cela lui a posé problème au début de sa carrière. « J’avais tendance à me mettre dans la peau du sportif et à minimiser la blessure. C’était une erreur, car je dois uniquement donner un avis de médecin. »

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